
Des scientifiques italiens auraient établi un lien entre particules fines et propagation de l’épidémie.
En ces temps troubles de pandémie où pratiquement la moitié du monde est confinée (trois milliards et demi d’individus), beaucoup cherchent un remède, une explication et aussi : un coupable. À ce sujet, des scientifiques italiens (issus des universités de Bari, Milan, Bologne) tiennent peut-être une piste. Dans un article paru récemment, ils établissent un possible lien entre la pollution aux particules fines et une accélération de la propagation de l’épidémie.
Une autoroute pour le virus. Les particules fines – dont une des principales sources est la combustion d’essence des véhicules – auraient agi comme un booster pour la propagation de l’épidémie. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé les taux de concentration de particules fines PM2,5 et PM10 avec les taux de contamination au COVID-19 des populations de plusieurs villes italiennes sur la période du 10 au 29 février. Ils ont ainsi remarqué que les villes les plus frappées par l’épidémie sont aussi celles qui ont les plus fortes concentrations de particules fines. Inversement, les chercheurs ont aussi corrélé leurs données avec les régions qui, comme le Latium (Rome), n’ont pas connu d’accélération de l’épidémie ni de pic de pollution sur la même période. À l’issue de cette étude, les chercheurs concluent que les particules fines interviennent comme un véhicule pour le virus, le diffusant dans l’air et jouant un rôle « d’autoroute » pour ce dernier.
Des résultats soumis à prudence. Mais corrélation n’est pas raison. Depuis sa parution, l’étude fait débat au sein de la communauté scientifique internationale et si elle apparait plausible, elle peut difficilement être déclarée valide sans lever une grande inconnue : la durée de vie du coronavirus dans l’atmosphère. Selon une étude récente, le virus pourrait survivre jusqu’à trois heures dans l’air. Pourtant, interrogée par 20 Minutes, Anne-Marie Delort, chercheuse à l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand, tient à nuancer ces résultats : « L’opération a été menée en laboratoire, loin donc des conditions que rencontre un virus au contact de l’air extérieur. Or, dans l’atmosphère, ses chances de survie sont sans doute plus faibles, car il est soumis à de nombreux stress contre lesquels il n’est pas armé pour résister. »
En somme, sans connaître sa résistance à l’air, on ne peut toujours pas affirmer que la pollution accélère la propagation du virus. Dans le doute, on ne peut que se réjouir de voir les effets du confinement sur la pollution en France.