
Avec leur livre "Voyager sans Avion", Audrey Baylac et Cindy Chapelle offrent les plus belles alternatives aux voyages selfies du bout du monde. Pour partir cet été, moins loin et de façon plus responsable, écoutons leurs conseils. Interview des deux reines d'un voyage plus terre à terre.
Comment vous est venue l’idée d’un ouvrage sur les voyages « slow » ?
La première raison était la volonté de parler d’un voyage appelant à la lenteur et à la prise de conscience du trajet. Un slow tourisme décrit à travers la notion de mobilité montrant une autre manière de se déplacer. Surtout, nous avons voulu proposer quelque chose de concret car faire un constat est une chose mais proposer est encore mieux. L’actualité a aussi joué car l’apparition de phénomènes tels que le « Flygskam » nous a confortées dans notre choix.
Selon vous, le mode de transport donne-t-il le ton du voyage ?
Si on part à cheval, on va voir des paysages beaucoup plus reculés que si on traverse des villages en road trip. Le cheval peut nous amener dans des milieux bien plus spectaculaires et isolés que la voiture. Que l’on soit à vélo, à pied ou sur un bateau, les milieux naturels parcourus sont différents. Le milieu marin ne peut pas être découvert autrement que lors d’un voyage en voilier. Si l’on est sur une plage abritée par un parasol, il y a peu de chance de découvrir le milieu dans son entièreté.
“Le voyage sans avion, et plus largement le slow tourisme, invitent à vivre un lieu plutôt qu’à le traverser.“
Quels plaisirs expérimente-t-on lors de voyages en mobilité alternative ?
Il y a la notion de retour à soi, l’expérimentation du bien-être. Lorsque l’on prend le temps de voyager, on se connecte à nouveau à soi-même, on apprend à être dans le moment présent et à se reconnecter avec son environnement et à l’autre. À tout moment, il est possible de faire des rencontres différentes car lorsque l’on voyage à pied ou à vélo, on véhicule une image de voyageur qui sort de l’ordinaire, qui amène la rencontre.
Voyager sans avion est-ce privilégier le local ?
Une fois arrivé à destination, il ne faut pas hésiter à consommer local afin de découvrir des goûts et des saveurs inhabituels et de faire fonctionner l’économie de l’endroit où l’on se trouve. C’est l’occasion de se loger chez l’habitant et de se fondre dans le décor. Le voyage sans avion, et plus largement le slow tourisme, invitent à vivre un lieu plutôt qu’à le traverser. L’autonomie et la liberté sont assez puissantes avec ces modes de transport. On vit ses propres aventures, on crée son propre voyage et on va chercher ses propres ressources. L’aventure est au bout de la rue et il ne faut pas hésiter à aller la trouver. Même à quelques kilomètres de chez soi, on peut la vivre sans aller au bout du monde. Le principe d’aventure est ancré dans le voyage en mobilité douce, elle nous nourrit.
Comment bien préparer ses vacances sans avion ?
Il faut se demander ce que l’on a envie de vivre pendant ses vacances plutôt que se référer à la destination à la mode et analyser son temps disponible. Si l’on a une semaine pour aller visiter un pays frontalier, cela sera plus efficace de s’y rendre en train pour profiter d’un séjour sur place. Et ne pas oublier de se rendre compte de sa condition physique et de son expérience, du jour au lendemain on ne peut pas se lancer dans une randonnée équestre sans préparation. La clef est d’être attentif à son aspiration et à soi-même. Si on n’a pas envie de préparatifs trop importants, la location d’un van pour un road trip dans une vallée proche de chez soi peut être une option. À l’opposé, on peut se préparer durant quelques temps avec des cours de navigation pour se lancer dans la grande aventure du large.
Que conseillez-vous comme mode de mobilité à nos lecteurs pour parcourir la France cet été ?
Pour un voyage enrichissant, il ne faut pas chercher à tout prix à épater ses amis sur les réseaux sociaux. C’est assez courant de publier une photo de lagon au bout du monde pour faire baver les uns et les autres mais il faut sortir de cela. On peut ressentir des choses très agréables au bord d’une cascade en France ou hisser les voiles en Méditerranée. Dans notre pays, avec la diversité de nos paysages, on a plusieurs territoires et donc les aventures se démultiplient. Selon le point de vue où l’on se place, il ne faut pas oublier que la France est aussi un bout du monde. Ce n’est pas la distanciation kilométrique qui fera la force du voyage.
Voyagez sans avion par Audrey Baylac et Cindy Chapelle publié aux éditions Plume De Carotte
Crédit photo : Marcel Travel Posters