
Alors que le tourisme spatial n'est plus un fantasme, certains scientifiques tentent déjà de voir au delà. C'est le cas d'Erik Lentz, astrophysicien à l'Université de Göttingen en Allemagne. Pour lui, se déplacer à plus de 300 000 kilomètres par seconde ne relève pas que de la science-fiction.
Vitesse supraluminique. Si vous avez grandi avec Star Trek, Star Wars (ou tout autre film débutant par Star…), le terme “vitesse supraluminique” vous dit inévitablement quelque chose. Qu’il s’agisse du capitaine Spock ou de Han Solo, tous les aventuriers de l’espace ont, à un moment ou à un autre, appuyé sur un gros bouton rouge pour atteindre le “warp drive”, soit l’hyper-espace : une vitesse de croisière permettant de dépasser la vitesse de la lumière pour rejoindre d’autres galaxies sur des temps humains.
Rappelons à ce titre que, d’un point de vue scientifique, pour parcourir les modestes 4,2 années-lumière qui séparent notre “voisine” Proxima Centauri (l’étoile la plus proche de notre système solaire) de la Terre, il nous faudrait 6300 ans. De quoi relativiser l’idée même de conquête spatiale.
La révolution des Solitons. Techniquement, aucun corps ne peut aller plus vite que la vitesse de la lumière, sans quoi sa masse deviendrait infinie (!) selon la théorie de la relativité générale d’Einstein qui veut que cette dernière augmente en fonction de la vitesse. Le 9 mars dernier, un professeur allemand nommé Erik Lentz a malgré tout démenti le plus célèbre des physiciens dans un article publié dans la revue scientifique Classical and Quantum Gravity. Il y a exprimé l’idée qu’une nouvelle particule nommée “Soliton” (ou bulle de distorsion) permettrait de dépasser la vitesse luminique tout en respectant les lois élémentaires. Comment ? En pliant le tissu de l’espace-temps autour du vaisseau grâce au plasma conducteur et aux champs électromagnétiques générés autour de l’engin, protégeant ainsi les passagers d’une explosion en plein vol.
Depuis 1994, des physiciens comme Miguel Alcubierre émettent l’hypothèse de voyages à plus de 300 000 kilomètres par seconde grâce à la création (dans le futur) de moteurs à distorsion capables de parcourir la distance vers Proxima Centauri en seulement 2 à 3 ans (contre 6300 actuellement, souvenez-vous).
Erik Lentz, lui, tente de rester pragmatique : “l’étape suivante consiste à déterminer comment ramener la quantité astronomique d’énergie nécessaire à la portée des technologies d’aujourd’hui, comme une grande centrale nucléaire à fission moderne. Ensuite, nous pourrons parler de la construction des premiers prototypes“. En clair, tout cela n’est pas encore pour demain. Et si les Solitons semblent fonctionner comme une gigantesque ceinture de sécurité, reste à trouver comment passer la cinquième dans le vaisseau.