
Le gouvernement en promettait 100 000, il y avait finalement 60 000 bornes de recharge au 1er mai... La nouvelle Première ministre peut-elle décoincer cette situation ? Spoiler : Oui, et c'est même en cours.
Le million faible. Connaissez-vous Allego, ChargeGuru, R3 et Stations-E ? Si ce n’est pas le cas, ce qui suit devrait vous intéresser. Et si vous êtes déjà au courant, c’est que vous conduisez une voiture électrique et que vous repérez chaque nouveau réseau de recharge sur la route. Or, depuis un an, ils se multiplient. Normal quand près de 316 000 véhicules électriques ou hybrides ont été immatriculés en 2021. Mais jusqu’ici, les ambitions du gouvernement en termes de réseau de recharge n’ont pas tenu leurs promesses.
1 million.
C’est le nombre de bornes de recharge qu’il y aura en France à la fin de l’année.
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) November 3, 2021
En octobre 2020, les ministères des Transports et de l’Écologie lançait une charte visant à atteindre 100 000 bornes raccordées avant la fin 2021. La métropole du Grand Paris comme des entreprises Enedis, Total ou Lidl et Leclerc la signaient sans hésiter. L’an dernier, l’ex-ministre Jean-Baptiste Djebbari, affichait même l’ambition d’atteindre un million de bornes. Sauf que, le 30 avril 2022, on ne comptait en France que 60 040 bornes de recharge ouvertes au public.
1 borne pour 10 voitures. Même si une borne peut alimenter plusieurs véhicules, le parc français présente un ratio de 10 véhicules électriques par borne. Les chiffres de l’Union Française de l’Électricité sont même un peu plus sombres, plaçant l’Île-de-France au seuil de 17 voitures par prise (11 par borne pour Paris). D’autant qu’en 2021, l’Avere constatait que 90 bornes sur 100 sont installées dans un espace privé (parking d’entreprise de logement de particuliers), donc inaccessibles au public.
Des chiffres qui obscurcissent les objectifs du gouvernement en terme de transition. Si 60 % des Français envisagent l’achat d’un véhicule rechargeable, ils ne sont pas prêts à passer le pas avant 2030 car le manque d’infrastructures reste un véritable frein dans leur démarche. Ancienne responsable des transports et de la transition écologique, la Première ministre Élisabeth Borne a-t-elle le pouvoir d’arranger les choses ? Sans doute, car de nombreuses solutions ont été mises en place durant ses précédents mandats.
Borne : to be alive ? Premier chantier en cours : les axes rapides. Pour faciliter les grands trajets, l’État table sur des autoroutes équipées. Avec succès : « Plus de 50 % des aires de service du réseau autoroutier concédé sont équipées en points de recharge » affirme la directrice de l’Avere. Et les concessionnaires s’activent : SANEF dans le Nord en prévoit 500 d’ici la fin de l’année sur ses 72 aires, l’APRR déclare ouvrir 2 nouveaux points de recharge par mois et Vinci promet la connexion de ses 99 aires avant 2023.
Pour y arriver, les autoroutiers peuvent compter sur les spécialistes de la recharge rapide d’au moins 150 kW comme Ionity (100 stations ouvertes) et le nouveau venu Fastned (à la tête d’une trentaine de stations malgré son arrivée en décembre). Même si le réseau qui se développe le plus rapidement reste aujourd’hui… Tesla, avec près de 1000 points de recharge dans l’hexagone encore hélas majoritairement réservés à ses clients.
Hors des autoroutes, de nombreux nouveaux réseaux s’insèrent aussi sur ce marché : autant de startups, comme Electra qui propose de réserver sa borne, que de poids-lourds comme Totalenergies qui transforme ses stations services. Les parkings des magasins et en particulier de la grande distribution, investit également dans des bornes pour leurs clients.
Ces installations modulaires permettent une recharge rapide des véhicules.https://t.co/UK6TzYvDTy
— Les Echos (@LesEchos) May 23, 2022
Une dynamique. Le résultat de toutes ces actions, c’est que la France rattrape son retard à une vitesse impressionnante : le pays a ouvert 64 % de points de recharge en plus en 2021 qu’en 2020. A ce rythme, la question sera probablement réglée avant 2025. Mais il restera au gouvernement Borne à s’attaquer à deux chantiers plus pointus. La tarification des recharges d’abord ; si chaque marque peut librement fixer ses prix et méthode de calcul (taxer à la minute ou au kilowattheure n’attire pas les mêmes clients), la communication et la simplification de ces tarifs devront être encadrées.
L’entretien des réseaux enfin pose problème. Selon un sondage de 2021, plus de 8 automobilistes sur 10 avaient déjà trouvé une borne en panne au moment de s’y brancher… Le gouvernement l’a compris et vient de lancer Co-Borne, une initiative pour surveiller ces aspects… et légiférer ensuite ? En tous cas, le courant est passé.
Le réseau Co-Borne vient d’être lancé, avec l’objectif de réunir des experts électriciens dans toute la France. Une initiative qui contribuera à faciliter le déploiement de #bornes de recharge, avec un suivi trilatéral : étude, installation et maintenance.https://t.co/04Ql5HfqTc
— Avere-France ⚡️ (@AvereFrance) May 13, 2022