
En général, un auto-stoppeur espère ne pas rester trop longtemps sur le bord de la route. Anouk et Pierre-Élie y sont restés 6 mois. Le temps de parcourir 12 000 kilomètres sans dépenser 1 euro.
Allant vers, allant droit. Le 2 octobre dernier, deux étudiants de la région bordelaise ont pris une année sabbatique pour faire un long voyage. Partis du Limousin, ils ont mis le cap… nulle part. Le projet était de n’avoir ni itinéraire ni destination finale. Seul comptait le moyen : voyager en stop et sans argent.
Jusqu’ici, cela leur a particulièrement réussi : après six mois le pouce en l’air, Anouk et Pierre-Elie ont vu défiler 70 départements sur le siège passager de 450 conducteurs (et conductrices).
12 000 kilomètres, sans faire le plein. Un gros avantage quand on n’a pas d’objectif, c’est que chaque voiture qui s’arrête est la bonne, où qu’elle aille. Sur leur blog, VoyagezNous, Pierre-Élie raconte comment, alors qu’ils espéraient aller à Montpellier, la voiture qui les prit ce jour-là les emmena dans le Gers. Et cela leur allait très bien. Tout ce qui compte est de voir du pays et rencontrer leurs concitoyens. Ce n’est pas juste un passe-temps, mais une nécessité : sans argent, nos auto-stoppeurs doivent dénicher des invendus dans les magasins et trouver des gîtes pour la nuit.
Un voyage sans destination, sans véhicule, sans argent, où l’on paie de son temps et de son écoute.
Les routiers sont décidément sympas : ce sont bien souvent ces conducteurs qui les hébergent. Au pire, ils demandent autour d’eux, à l’instar des aventuriers de « Nus & culottés ». Au point qu’en janvier, nos deux routards ont abandonné la tente qu’ils baladaient jusque-là, pour s’en remettre entièrement à la confiance en leur prochain. De leur propre aveu : il n’a jamais fallu plus de trois demandes pour trouver un toit.
Pouce, et par le vent. Quand ces deux-là disent « Bonne route », ce n’est pas un souhait, mais un constat. Alors que l’on partage plus que jamais nos voitures, et que le stop redevient une alternative pour se déplacer, le couple de VoyagezNous démontre que pour voyager loin, ce n’est pas la monture qui compte mais la confiance en l’autre. Le lien social ne se paie pas, il se nourrit du temps que l’on veut bien donner. Une sacrée leçon à notre époque ; d’autant que du temps, en période de grève, on n’en manque pas.
Refaites leur tour de France à l’envers sur voyagez-nous.wixsite.com.