En France métropolitaine, et même à l'heure Covid-19, il est possible d’avoir accès à de petites merveilles en seulement quelques coups de pédale, de volant ou de rail. Pour cela, suffit de bien s'organiser et de sortir des sentiers battus. Suivez le guide.
Ce n’est pas parce que la Covid-19 nous tape définitivement sur le système et que nos déplacements sont limités par les précautions du gouvernement que l’on doit se laisser plonger dans la déprime la plus totale en passant ses week-ends (ou ses vacances d’hiver, pour les plus chanceux) sur le canapé en ruminant sur le retour incertain de jours meilleurs.
Malgré le couvre-feu à 18 h dans toute la France métropolitaine, il est possible d’avoir accès à de petites merveilles en quelques coups de pédale, de volant ou de rail, à Paris ou en province. Après tout, ce n’est pas un hasard si notre beau pays est le plus visité de la planète. Même en temps de pandémie mondiale (et pour peu que vous trouviez un petit hôtel ouvert ou une location de courte durée), il regorge de lieux charmants, insolites, et souvent gratuits ! Suivez le guide.
Pyrénées-Atlantiques : la Rhune, l’autre Pays basque
On a beau savoir que le Pays basque, c’est bien plus que les plages de Biarritz, les macarons Adam à Saint-Jean-de-Luz ou les fêtes de Bayonne, il n’y a rien à faire : chaque année, c’est son littoral chic et ses boutiques traditionnelles qui nous attirent. Pourtant, le vrai Pays basque se découvre en montagne, loin des foules et du surf. À l’ouest des superbes petits villages d’Ainhoa et de Sare se dresse la Rhune, sommet marquant la frontière entre la France et l’Espagne. D’une altitude de 900 mètres, il se laisse grimper à l’aide d’un petit train (ouvert à partir du 27 mars) ou à pied. L’ascension, relativement difficile, récompense les randonneurs téméraires avec une vue sur les Pyrénées et l’océan à couper le souffle.
Rocamadour : un bijou médiéval pour se croire dans Game of Thrones
On ne présente plus ce joyau du Lot, niché majestueusement à flanc de colline, tout près de la Vallée de la Dordogne. Pris d’assaut par les touristes de mai à septembre, le site exceptionnel de Rocamadour présente en ce moment un double avantage. Déjà habituellement auréolé de mystère hors-saison, il est encore plus impressionnant lorsque toutes les boutiques sont fermées et que l’on peut enfin s’y sentir seul au monde.
Immense cathédrale de pierres étalée sur d’innombrables étages (“Les maisons sur le ruisseau, les églises sur les maisons, les rochers sur les églises, le château sur les rochers” en est sa poétique définition), elle dévoile à chaque visite des trésors cachés. Côté hébergement, étant donné les options limitées en ce moment, cherchez du côté de Saint-Céré ou de Gramat. Et prévoyez un pique-nique.
Les églises restant ouvertes, foncez visiter la cathédrale de Strasbourg !
Les musées, galeries, restos, cinémas et bars sont peut-être clos, mais la majorité des églises de France restent accessibles pendant ce semblant de confinement. Leurs portes sont très souvent ouvertes, comme nous l’avons vérifié récemment à Nice, Avignon, Rouen ou même Paris. C’est aussi le cas de la mythique cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, visitable tous les jours de 7 h à 11 h 20 et de 12 h 40 à 19 h.
Monument emblématique de l’architecture du Moyen Âge, l’édifice de style ottonien abrite la fameuse horloge astronomique, que 3 millions de visiteurs viennent contempler chaque année (sans doute un peu moins depuis 2020) ! Chef-d’œuvre de la Renaissance, l’horloge, dont le mécanisme actuel date de 1842, fut le produit d’une “collaboration entre artistes, mathématiciens, sculpteurs, peintres et créateurs d’automates”. Une merveille qui permettra de regarder passer le temps en attendant la fin de cette pandémie de malheur.
Finistère, un département au vert, y compris côté épidémie
Évidemment, l’idée n’est pas d’y envoyer tout le monde, Parisiens en tête, pour que la pointe de la Bretagne se retrouve à son tour inondée de cas positifs. Il faut faire preuve de bon sens et limiter ses interactions sociales, même en bookant un hôtel “en ville”. Mais les chiffres ne mentent pas : le Finistère est actuellement le département le plus épargné par l’épidémie de Covid en France, avec un taux d’incidence de 50 cas pour 100 000 habitants au 11 février, soit le plus bas du pays.
Alors qu’il avait neigé il y a quelques jours en Bretagne, la côte était encore plus resplendissante. Côté balades, l’une des plus jolies est celle de la pointe de Locquirec, à une trentaine de minutes au nord-est de Morlaix : facile et accessible, elle est d’une beauté inouïe.
Mont-Ventoux : un sommet pelé, mythique… et désormais réaménagé
Avec 1910 mètres au compteur, le Mont-Ventoux est une fière sentinelle, dominant le Vaucluse. Le Conseil départemental avait d’ailleurs lancé en 2020 un réaménagement du site de cette montagne emblématique de la Provence, chère aux fans du Tour de France. Arrivé à saturation touristique, il voyait chaque année défiler des dizaines de milliers de voitures. La base de la tour au sommet est désormais réservée aux piétons et aux cyclistes. Les automobilistes, eux, doivent se garer plus bas. L’occasion de (re)découvrir ce mont pelé… et très venteux, où les caprices de la nature vous font vous sentir tout petits.
À Paris, la Petite Ceinture reste en partie ouverte
Ouverte à la promenade sur plusieurs tronçons même pendant ce drôle de “confinement”, la Petite Ceinture se veut un écrin de biodiversité au cœur de Paris. Patrimoine industriel qui transporta sur ses rails marchandises puis voyageurs, elle avait été fermée au trafic en 1934 (les trains de fret y ont circulé jusqu’en 1993).
“En 2006, la Ville de Paris et la SNCF se sont engagées à réhabiliter progressivement la petite ceinture et à ouvrir ses espaces à la promenade, tout en veillant à permettre la circulation ferroviaire et la réversibilité des lieux” annonce le site de la Mairie. Notre tronçon préféré (ouvert en ce moment) est situé dans le 14ᵉ arrondissement, entre la rue Didot et l’avenue du Général-Leclerc. Entouré de grands arbres, on se croirait vraiment en pleine nature.
Père-Lachaise à Paris, Vieux-Château à Menton, Auvers-sur-Oise… Et si on se promenait dans les jolis cimetières français ?
Le thanatourisme a le vent en poupe, mais il ne s’agira pas ici d’explorer le côté macabre des visites de cimetières et autres cryptes. Les Parisiens en savent quelque chose, une balade dans un cimetière peut être tout à fait bucolique et apaisante. Chance, celui du Père-Lachaise est resté ouvert au public, tout comme de nombreux lieux similaires dans toute la France (ce qui n’était pas le cas de tous les parcs et cimetières lors du premier confinement en mars 2020).
Au-delà de cette mythique “dernière demeure” située dans le 20ᵉ arrondissement de Paris, nos deux coups de cœur en France se situent à Auvers-sur-Oise, où le peintre Vincent Van Gogh est enterré tout près de ses champs de blé chéris, et à Menton, où le cimetière du Vieux-Château, sur les hauteurs de la ville, offre une vue incroyable sur la Méditerranée et l’Italie voisine.
Forêt de Fontainebleau : la balade ultime pour respecter la distanciation
Difficile de trouver des écrins plus naturels, gratuits et vecteurs de distanciation sociale que les bois. À une heure de route ou de train de Paris, la forêt de Fontainebleau est une échappatoire idéale pour une journée ou un week-end. S’il est en ce moment impossible de visiter le fameux château (et que la jolie ville bourgeoise n’aura pas grand-chose à vous offrir, faute de restos et de bars), rien ne vous empêche de vous y ravitailler pour aller ensuite randonner sur l’un des multiples chemins. Nul doute que les quelques villages seront eux aussi également déserts en plein hiver, mais l’appel de la nature est toujours présent.
Lupiac : dans le Gers, le village de D’Artagnan est à la mode
Avec sa place d’Artagnan récemment réaménagée, cette cité gasconne donne d’emblée la couleur. Lupiac est un charmant village qui a le vent en poupe depuis que Le Monde l’a fait figurer dans son top des endroits à visiter en France en 2021. Et il est vrai qu’avec ses maisons à arcades et son moulin à vent de 1726, ce village tout droit sorti d’un film de cape et d’épée figure la quintessence du pittoresque. Parmi ses cinq châteaux privés, celui de Castelmore, lieu de naissance de d’Artagnan, dont la statue équestre, sculptée par Daphné du Barry, orne la place principale.
Dans le 20ᵉ arrondissement, le quartier de “La Campagne à Paris” porte son nom à merveille
Il s’agit d’un véritable petit village “de campagne”, en plein cœur de la capitale. La Campagne à Paris, ce mini-quartier perché sur les hauteurs du 20ᵉ arrondissement, est le lieu de vie de quelques privilégies. Créé au début du XXᵉ siècle, l’îlot, sis sur d’anciennes carrières, est composé de six petites ruelles originellement destinées à accueillir des représentants de la classe ouvrière. Les temps changent…
À partir du métro Porte de Bagnolet (ligne 3), prenez la rue Pierre Mouillard ou les escaliers qui grimpent jusqu’à cette bienvenue bulle de tranquillité. Avec ses petites maisons en brique, ses allées verdoyantes et ses jardins manucurés, l’atmosphère unique de ce lieu, qui n’est désormais plus un secret très bien gardé, est toujours aussi magique.