
L’Afrique n’est pas tendre avec le sexisme. Mais cela n’a pas arrêté ces courageuses entrepreneuses. Désormais si les taxis roulent, c’est sur leurs motos à elles.
Victimes de la route. La république du Malawi est un pays du sud-est de l’Afrique cinq fois plus petit que la France, mais bien plus dense et trop pauvre pour développer de bonnes infrastructures de transport. Il en résulte des bouchons fréquents sur les rares routes du pays et dans les grandes villes. Ce pourquoi, les Malawiens optent fréquemment pour des motos-taxis, que ce soit pour faire des courses, aller à l’hôpital ou emmener les enfants à l’école.
Un secteur sur lequel les femmes ont tenté de se positionner mais avec difficulté compte tenu du sexisme tenace du pays où un tiers des moins de 50 ans a déjà subi des violences sexuelles. Une chauffeuse-taxi rapporte au site de l’ONU Africa Ranewal que « les clients insultaient les femmes conductrices sur l’autoroute et les clients masculins refusaient de payer ». Alors elles ont jeté l’éponge et pris leur revanche autrement.
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Empowerment. Dans la ville de Lunzu (17 000 habitants) une quarantaine de Malawiennes ont lancé en 2017 le Lunzu Women’s Motorcycle Fund Club. Elles ont mis leur argent en commun et acheté des motos. Les conducteurs de taxi autorisés les louent les jours où ils travaillent (de 6h à 18h30). Plutôt qu’une location fixe, les entrepreneuses encaissent une part du chiffre d’affaire réalisé avec leur motos : « nous empochons 65 % des recettes du jour », explique l’une d’elle. En outre, une cotisation mensuelle de 10 dollars assure contre les accidents.
Aminata – Motos-taxis au Malawi: les femmes tirent les ficelles depuis les « coulisses » https://t.co/wj87oaSYhO pic.twitter.com/VFdNL0TSMw
— Afropages (@Afropages) March 12, 2021
Le mouvement a pris de l’ampleur au Malawi : une dizaine de clubs d’environ 40 entrepreneuses ont éclos en suivant cet exemple. Les syndicats sont biens vus par les banques qui estiment que les Malawiennes « sont plus fiables pour le remboursement des prêts » que leurs équivalents masculins. Les collectivités soutiennent l’action en distribuant des aides à l’achat de motos. De leur côté, les entrepreneuses malawiennes réclament une baisse des frais de la licence pour les propriétaires affiliées à leurs syndicats afin de développer ce commerce.
Si cette entreprise rétablit un peu de parité dans un pays qui en manque lourdement, il reste un sacré pas à franchir pour que les femmes puissent à l’avenir utiliser et conduire ces transports en toute légalité et sécurité ; une condition indispensable pour accéder à l’éducation, l’emploi, et sortir de la pauvreté.
Crédit photo : Rod Waddington / FlickR
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