
La multiplication des food trucks et des régimes alimentaires témoignent d’un intérêt sanitaire louable. Mais quand l'Italie ouvre le Fico Eataly World, un parc à thème intégralement consacré à la nourriture, on est en droit de se demander si le problème est dans l'assiette ou dans nos têtes.
Les concepts voués au culte alimentaire ne cessent de se multiplier. Pour preuve, impossible aujourd’hui de se rendre à une manifestation culturelle, politique ou commerciale sans y croiser un des 650 food trucks que compte la France selon Le Parisien. Dernière lubie en date et pas des moindres : un parc de loisirs entièrement dédié à la gastronomie et au savoir-faire culinaire italien.
Disneyland gastronomique. S’étendant sur 100 000 m2, Fico Eataly World vient d’ouvrir ses portes à Bologne. Six millions de visiteurs sont attendus chaque année pour suivre le parcours de découvertes agro-alimentaires et prendre part aux ateliers de fabrication de pâtes, fromages et autres délices italiens. Le parc mettra des triporteurs à disposition pour acheter des produits régionaux de qualité sur place… Et même les expédier depuis le bureau de poste intégré.
La peur au ventre. Tout cela est bien beau, mais.. À quoi bon multiplier les camions, les cuistots et les mètres carrés de stand ? Si l’on en croit le sondage réalisé par Harris interactive en 2017 , 84% des Français se soucient de l’impact de l’alimentation sur leur santé. Pourtant, seulement 15% consomment du bio quotidiennement. Dans des pays à longue tradition gastronomique comme l’Italie ou la France, pas étonnant de voir autant de nouveaux concepts emballer les consommateurs. Mais gare aux dérives.
Cette obsession de la nourriture saine et éthique porte un nom : l’orthorexie
Vegan, food truck, bio… La bouffe est-elle devenue une obsession ? Alors que les Français sont plus que jamais sensibles à l’impact sanitaire de leur alimentation, un trouble émerge : l’orthorexie, cette obsession du manger sain ou éthique. Difficile d’établir un diagnostic précis puisque, si le mot est entré dans le Larousse en 2012, l’orthorexie n’est pas encore reconnue comme une maladie ou un trouble du comportement alimentaire dans le milieu médical. Le professeur de psychologie Patrick Denoux estime entre 2% et 20% le nombre d’orthorexiques en France. « L’orthorexique est emprisonné dans un ensemble de règles qu’il s’impose», définit-il dans son livre Pourquoi cette peur au ventre (JC Lattès, 2016).
Shoot quotidien de good food. Carences alimentaires, isolement social, lecture obsessive des étiquettes et sites internet… Les symptômes font écho aux témoignages de ceux qui sont revenus du véganisme (une étude conduite par le Human Research Center en 2014 comptabilisait 70% d’abandon de ce régime…) ou du sans gluten : bien manger peut aller jusqu’à nous pourrir la vie. Alors, plutôt que de devenir tous frustrés, pourquoi ne pas se laisser un peu aller et retrouver le plaisir du goût, de la convivialité et de l’imprévu ? On en reparle juste après que vous ayez payé l’addition, merci.
Et si vous voulez quand même plus d’infos sur le parc Eataly, c’est par là.