
Cela aura pris trois ans, mais la pirogue polynésienne Hokule'a vient de boucler son tour du monde. En recourant à des techniques ancestrales, son voyage s'est fait sans empreinte carbone et a pu déboucher sur des décisions politiques fortes pour l’environnement. Tour d'horizon.
C’est la mer qui prend les hommes. Fin juin, 25 000 personnes acclamaient la pirogue Hokule’a dans le port d’Honolulu, à Hawaï. Cet accueil populaire chaleureux parachevait un voyage unique, dédié à faire émerger une prise de conscience sur la sauvegarde des océans. Il marquait aussi un exploit : trois années où Nainoa Thompson, le capitaine, a mené un tour du monde en n’utilisant que des instruments maritimes traditionnels et des techniques de navigations polynésiennes, en se référant uniquement au soleil, aux étoiles, à la Lune ou encore aux courants.
Pour remettre cette histoire en perspective, Hokule’a a été rêvé dans les années 1970 par une poignée de Hawaïens amoureux de leur culture qui craignaient que leurs méthodes de navigation ancestrales disparaissent. Pour apprendre à le manœuvrer, ils sont allés trouver un navigateur à l’ancienne en Micronésie et l’ont fait venir à Hawaï pour enseigner à la jeune génération de navigateurs. Parmi eux, il y avait donc Nainoa Thompson.
En trois ans, le bateau a parcouru 97 000 kilomètres, visité 150 ports dans 23 pays différents pour agir en faveur du sauvetage des océans.
Un océan de bonne volonté. Hokule’a navigue depuis la fin des années 1970, parfois pour de très longs voyages. Mais aucun n’a jamais été investi d’une mission aussi importante : boucler un tour du monde en 1000 jours, en portant un message d’espoir et d’amour. Et n’y voyez pas des mots creux : baptisée « Malama Honua », soit littéralement « De l’amour pour la Terre », cette mission avait pour but d’aller à la rencontre de scientifiques, d’environnementalistes, de politiciens, de citoyens engagés et aussi d’enfants pour réfléchir et agir sur la manière de mieux protéger la planète et les océans.
Verdict : en trois ans, le bateau a parcouru 97 000 kilomètres, visité 150 ports dans 23 pays différents pour agir en faveur du sauvetage des océans.
La vague montante du climat. Le voyage mené par le capitaine Thompson a permis d’impacter les populations mais aussi les pouvoirs publics. Ce n’est pas un hasard si l’État américain de Hawaï a par exemple été le premier à ratifier les accords de Paris sur le changement climatique. Second point capital ensuite, « Malama Honua » a été intégré dans le programme de nombreuses écoles locales, d’Honolulu à Papeete. Un moyen puissant de connecter les enfants avec leur culture traditionnelle, en leur apprenant à naviguer ou construire des pirogues.
Enfin, ce voyage a eu une empreinte nulle sur la planète. En avançant sans énergie fossile, en prenant le temps, Thompson et ses hommes ont prouvé qu’on pouvait cesser de s’abandonner à cette fuite en avant permanente, tout en œuvrant pour le bien collectif et pour l’environnement, avec des résultats concrets. Il n’y a qu’un mot : admirable !
Un beau livre retraçant l’expédition peut être précommandé ici, édité par la marque de vêtements responsables Patagonia.