
Bientôt les robots justiciers. Des chercheurs ont conçu une intelligence artificielle capable de prédire le jugement rendu par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à partir de l'étude de la jurisprudence.
On avait le robot policier, le robot ménager, le robot assistant de personnes âgées…et maintenant, le robot justicier. L’idée d’être jugé par une intelligence artificielle est vaguement flippante. D’un côté, ce juge sans affect pourrait éviter l’effet délit de faciès, mais voir son cas réduit à une suite malencontreuses de données qui accusent fait aussi froid dans le dos. Alors pour ne pas effrayer la veuve et l’assassin, les concepteurs de ce robot ont décidé d’envoyer « The Al » agir en coulisses. Il devrait s’installer à Bruxelles bientôt pour aider les Cours européennes les plus importantes à débloquer les piles de dossiers qui s’accumulent. Il ne donnera pas sa sentence à ce stade mais se contentera de pré-examiner les dossiers. Une sorte de super assistant. Qui se serait formé non pas sur les bancs de la fac et dans les prétoires mais à haute dose de data et de jurisprudence. The Al a ingurgité ce qu’aucun humain ne pourra jamais faire : des milliers de cas. Et depuis il applique avec pas mal de succès puisque jusqu’ici ce programme informatique retrouve dans 4 cas sur 5 la sentence décidée par les juges.
Cherchant à rassurer, son créateur, Daniel Perotiuc-Pietro, un scientifique en informatique de l’Université de Pennsylvanie, nous explique que « l’application analyse tout simplement comment les juges auraient pris leurs décisions en fonction des compte-rendus, de textes de loi et des argumentaires des différentes parties. » En gros, The Al utilise le processus naturel du langage et cette méthode permet de s’appuyer sur un ensemble de mots et pas uniquement sur un ordre de mots ou sur le nombre d’utilisation de tel ou tel mot. Il s’attarde davantage sur la défense des parties opposées.
Cependant, le créateur insiste sur le fait que l’algorithme n’est pas là « pour remplacer l’être humain » mais plutôt « pour lui venir en aide. » Là où le programme fait la différence c’est qu’il permet surtout de prioriser les affaires et de leur donner un ordre : du cas le plus important au moins prioritaire. En effet, rien qu’en 2015 au sein des grandes Cours européennes, environ 85 000 révisions de procès ont été sollicitées et seulement 891 ont pu être traitées. Les autres ont été rejetées par faute de temps ou de délais passés. Grâce à The Al, les juges devraient pouvoir se concentrer sur les cas et se focaliser sur l’essentiel et notamment les affaires qui engagent des paramètres psychologiques ou plus complexes à résoudre qu’avec une machine. Ouf !