
Avec leur alliage de matériaux rappelant davantage une salade prisée des hipsters qu’une moto destinée à arracher le bitume, les modèles que va produire l'entreprise Tarform promettent de faire tourner les têtes. En silence.
Cuir d’ananas, graines de lin, algues… Le constructeur un peu fantasque de ce modèle de “café racer” au style rétro a laissé tomber les matériaux traditionnellement utilisés quand on pense “deux-roues”. Tarform, une entreprise basée à Brooklyn (New York), va en effet produire un engin électrique dont les éléments sont théoriquement biodégradables.
Cinq fruits et légumes par modèle. La selle est ainsi fabriquée en cuir végan, fait de fibres d’ananas, mangue et maïs. Le carénage en plastique est issu d’une culture de grains de lin. Quant à la superbe couleur noire de l’ensemble, elle provient de pigments naturels extraits d’algues. Sans oublier la finition gris mat du carénage, en aluminium par essence recyclable.
Ce n’est pas une surprise d’apprendre que Taras Kravtchouk, le créateur de la marque, vient du monde du design, où il avait gardé un pied dans l’industrie de la moto, en retapant de vieux engins des seventies. Les “business angels” de M13, qui avaient déjà investi dans SpaceX ou Lyft, ont ainsi levé 300 000 dollars en 2019 pour que le rêve fou de Taras devienne réalité. Pourtant, la collision du monde du cambouis et de celui des énergies propres et renouvelables ne va pas de soi. À priori, les tenants d’un nouveau mode de vie plus écoresponsable veulent la mort du véhicule individuel. Mais cette vision manichéenne est peut-être en passe de changer si les moyens de transport, aussi racés soient-ils, s’adaptent aux usages.
Du coup, plusieurs constructeurs historiques, à l’image de Harley-Davidson, s’intéressent désormais aux machines électriques, chose impensable il y a dix ans. Leur LiveWire, premier véhicule “propre” de la marque, est sorti en 2019. La production du petit bijou biodégradable de Tarform (dont la batterie affiche 200 km d’autonomie et promet de pouvoir être facilement remplacée dès que la technologie s’améliorera) débutera, elle, dès l’année prochaine. Il faudra débourser entre 24 000 et 42 000 dollars, selon les modèles, tous produits dans un entrepôt de Brooklyn. Pour le moment, l’entreprise dit avoir sécurisé 1500 précommandes. Des chiffres très prometteurs pour une moto qui risque de faire du bruit… ou pas.