
Si l’on vous dit centrale, logiquement vous avez envie de fuir. Mais le projet dingue de Taïwan pourrait bien vous convaincre qu’il est possible de passer de Fukushima au Louvre. Tout ça grâce à une centrale hydro-électrique.
Le vert à côté des rouges. Taïwan est un petit état insulaire situé à seulement 180 km de l’un des plus gros pollueurs au monde, la Chine. Dans l’ombre de son grand voisin, le pays qu’on a souvent du mal à placer sur la carte a malgré tout décidé d’innover pour transformer l’ile en exemple écologique pour les futures générations. Dans le cadre d’un plan pensé sur 20 ans visant à lutter contre le réchauffement climatique et à stimuler les énergies durables, Taïwan a donc lancé un grand appel à projets pour réconcilier les habitants, la nature et les centrales. Vaste projet.
Ma centrale s’appelle MAUD. Le grand gagnant de cette compétition répond au doux nom de MAUD, et il vise à réformer, voire carrément transformer la centrale hydroélectrique de Hsinta. Conçu comme un site écologique (premier changement pour les mentalités), le projet vise évidemment à réduire drastiquement les émissions de Co2, mais aussi à créer une diversité biologique sur le site, afin que les populations s’approprient l’endroit à la manière d’un parc. Autre petit plus, une cheminée disposant d’une pellicule verte qui fonctionne comme un nichoir pour les oiseaux. C’est vrai que jusque-là, on avait rarement vu des photos d’hirondelles couvant leur progéniture sur un moteur accidenté de Tchernobyl.
Une centrale qui fait aussi musée. Mais là où le projet MAUD se révèle particulièrement instructif, d’un point de vue sociétal, c’est dans son ouverture au… public. Car la centrale devrait être partiellement ouverte aux visiteurs, non seulement pour les inclure dans la vie quotidienne du lieu, mais aussi pour en finir avec les préjugés consistant à associer centrale et accident. Celle de Hsinta se voudra donc écologique à 100%, utilisera l’eau qui l’alimente pour verdir ses alentours et garantir aux passants une balade originale dans un espace jusque-là entouré de grillages. Certes, ce n’est pas encore DisneyLand, mais on est sûr que s’il vivait en 2018, Mickey choperait le premier Velib pour aller y déguster un sandwich, gluten free of course.