
Et si l'on construisait des fermes dans les immeubles où l'on bosse ? C'est la question que se sont posées des Suédois en créant un building où pousseront bientôt des fruits et des légumes.
Agritechture. C’est le terme à la mode dans les cabinets d’architecture pour inventer la ville de demain où, à défaut de rendre de la place à la nature, on l’introduit dans les bâtiments.
Si bien souvent cela consiste à recouvrir de verdure quelques façades pour effacer l’impact environnemental ou alléger la température de quelques degrés, ici le cas est bien différent. La tour, que construit la ville suédoise de Linköping, espère bien participer à l’œuvre de la nature en produisant des fruits et légumes à partir de l’énergie dégagée par le lieu et son activité de bureau. Gain de terres agraires donc et économie d’énergie à retrouver dans de belles carottes goûtues. Son nom ? Le World Food Building.
Objectif : produire assez pour nourrir 5 000 personnes chaque année
Moitié bureau, moitié serre. Le bâtiment designé par la firme Plantagon (ça ne s’invente pas) fera 60 mètres de haut et découpé verticalement. Au nord, sa façade accueillera 17 étages de bureaux tandis qu’au sud, plus pentue pour maximiser l’ensoleillement, hébergera la serre. Celle-ci aura recours aux LED et à l’agriculture hydroponique, dont les eaux riches en nutriments remplacent la terre. Les cultures profiteront également d’un supplément de chauffage grâce à l’incinération des déchets et de biogaz. Aucun déchet perdu donc et autant d’énergie créée qu’utilisée ; comment s’en plaindre ?
Lancés en 2012 avec un budget de 32 millions d’euros, les travaux sont censés aboutir en 2020. « Notre objectif, déclare Hans Hassle le PDG de Plantagon, est de produire la plus grande quantité de nourriture avec le plus faible impact environnemental et en consommant le moins de ressources possible sans que cela altère la qualité de notre production. »
World Food Building – Is this the future of farming? Sounds enticing. Animation at https://t.co/kmxqG5uJNg #urbanfarming #verticalfarm pic.twitter.com/tvkM7iIQGy
— C. S. Prakash (@AgBioWorld) November 15, 2017
Arcologie. On l’aura compris, tous les mots-clés sont là : ce n’est pas un immeuble mais un symbole que bâtissent ces Suédois. Pour les 9,6 milliards d’habitants du monde de demain, dont 66 % vivront en zone urbaine en 2050, un tel immeuble aura autant pour mission de les nourrir que d’effacer leur empreinte sur la Terre.
En poussant le raisonnement de l’autonomie au bout, on pourrait imaginer que ces tours-fermes remplacent des villages dans les zones les plus arides et assurent une nouvelle cohérence sociale. Et dehors, sur les terres inoccupées ? Eh bien profitons-en pour laisser la nature proliférer tranquillement. On lui doit bien ça.


