
Annulez vos commandes de hand spinner, le jouet à la mode a changé. Cette fois il est gluant, collant et psychédélique. Bonne nouvelle par contre, c'est encore un objet de fascination hypnotique qui détend. La relaxation est au bout de vos doigts.
Farces & attrapes… Ceux qui ont connu les années 1980 se souviennent encore de ce gel fluo verdâtre, bien visqueux et un peu répugnant qui sortait directement des entrailles de SOS Fantômes. Vous avez eu le reboot ? Eh bien voilà le remake du slime. Mais n’attendez pas qu’une marque envahisse les rayons jouets de votre supermarché, cette fois, c’est du fait-main. Et avant de gagner les cours de récré, ce sont les réseaux sociaux qui en dégoulinent.
Depuis 2016, on ne compte plus le nombre de tutos sur YouTube et Instagram qui regorgent de comptes postant uniquement des mains en train de fabriquer ou malaxer le bazar. Des adolescentes coquettes mélangent en plan serré les sacro-saints quatre ingrédients : de la colle, des colorants alimentaires, de la fécule de maïs ou de la poudre de Borax (attention, c’est un détergent tout de même). Sous leurs mains soignées se monte la fameuse pâte qu’on pétrit dans de grands floc-flotch, à laquelle on rajoute billes, paillettes, etc. Le tout en silence complet pour bien entendre chaque claquement de cette guimauve de labo et ne pas rater une bulle qui éclaterait. Et c’est tout.
Farci à trips. La recette semble bien pauvre mais les instagrams au précieux hashtag #slime rassemblent des millions de vues et des centaines de milliers d’abonnés. Même le célèbre late show de Jimmy Kimmel a fondu sur le sujet faisant exploser l’effet de mode. Pourquoi cette passion ? Parce que le slime rejoint le rang des vidéos relaxantes ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response). Tout y est : le son et la proximité des choses que l’on touche agissent sur notre cerveau comme des stimuli vécus par procuration. Le slime qu’on malaxe rappelle la machine à barbe-à-papa, et les craquements et frottements évoquent le papier-bulle qu’on éclate en laissant son esprit vagabonder.
Plaisir à regarder, donc, et aussi à faire puisque l’activité procure l’apaisement des travaux manuels dans un monde où ce qu’on tripote le plus reste la froideur d’un écran… Interrogé par Grazia, le professeur de yoga Samuel Ganes y voit le même processus de focalisation inconsciente qu’une séance de méditation : « On engage le système endocrinien et on libère la mélatonine, la sérotonine et l’ocytocine, les trois hormones qui provoquent l’état second de la méditation. » Car oui, rappelons-le, lâcher prise est entièrement compatible avec avoir les mains occupées.
Barbe à pépettes. Conclusion, rien de mal dans cette mode qui devrait occuper les ados et permettre aux grands de passer leur stress autrement qu’en jouant à Candy Crush pendant 30 minutes. Quand en plus ils auront appris que sur le net, les teens vendent leur production de slime en quelques heures à prix d’or et que la société de colle française Cléopâtre a augmenté cette année sa production de 5000%, on va en voir plus d’un courir au magasin de bricolage le plus proche…