
En 2049, l’amour ne tiendra qu’à un hologramme et le contenu de notre existence sera conservé dans une bille. C’est le "Blade Runner" de Denis Villeneuve qui le (pré)dit.
2049 selon Blade Runner. Sorti en 1982, Blade Runner premier du nom prophétisait pour 2019 l’arrivée de véhicules volants et, disons-le, de FaceTime. Bingo : ces inventions existent — ou presque. Le reboot de Denis Villeneuve, lui, dépeint un futur bien plus dystopique (c’est dans l’ère du temps, notez). Outre l’envahissante publicité déjà observée dans Ghost In The Shell, Pyscho-Pass ou Akira, en 2049, les hommes seront seuls ou accompagnés de prostituées holographiques et personnalisables jouant volontiers le rôle de cordon-bleu. Notre mémoire, elle, sera soigneusement conservée dans une sphère placée dans une gigantesque salle d’archives. Et si c’était ça, le nouveau futur ?
Des robots sexuels paramétrables.
L’amour est dans l’algorithme. Nul spectateur n’est resté de marbre face au charme de Joi, la compagne holographique de l’agent K développée par Wallace Corp. — dont il est foncièrement amoureux. Grâce à une intelligence artificielle pointue en guise de cervelet, elle sauve le chasseur de sa solitude fataliste en mimant l’attitude stéréotypée de la femme au foyer docile et parfaite. Mieux encore, grâce à un « émanateur », le Pygmalion du futur peut emmener partout dans sa poche sa Galatée, toujours encline à assouvir ses désirs.
Pour s’assurer que celle-ci soit irrémédiablement à son goût, il l’a auparavant paramétrée de fond en comble, de la couleur de ses yeux à sa taille, comme un Sims. Toutefois, Joi va plus loin. Elle incarne quelque chose de plus complexe qu’une poupée sexuelle. Son intelligence artificielle semble dotée d’une capacité d’évolution et d’autonomie, qui a sans doute pour effet d’éradiquer toute notion de lassitude de la part de son « propriétaire ».
Vivre dans sa bulle. En quête de l’identité liée à un numéro de série, K se rend dans ce qui ressemble à un immense centre d’archives. En son sein, soigneusement conservées, des sphères translucides contenant les souvenirs de l’existence des androïdes. À première vue, cette technologie peut sembler salvatrice aux yeux de ceux qui ont peur d’oublier — ou qui malheureusement oublieront, en fin de vie, à cause des troubles cérébraux. Qui plus est, qui n’a jamais rêvé de pouvoir immortaliser un moment ne serait-ce qu’en le vivant ? Toutefois, comme chaque avancée technologique, celle-ci comporte un côté obscur, auquel le film ne manque évidemment pas de faire référence. Un blackout général cause la panne de tous les systèmes et, de fait, l’effacement (ou dans une moindre mesure, l’endommagement) de toutes les mémoires préservées. Le résultat : une amnésie de masse.
Blade Runner, actuellement en salles.