
Bilan de cette fraude généralisée chez les coursiers et chauffeurs : 49 millions d’euros manquant dans les caisses de l’État. Mais certaines raisons expliquent directement ce manque à gagner relevé par le Haut Conseil du financement de la protection sociale.
Le fisc au pare-choc. C’est une obligation légale : toutes les plateformes numériques de coursiers fournissent aux Finances publiques (le « fisc ») le détail des courses qu’elles facturent et les chauffeurs et coursiers qui les ont effectuées. Problème : en recoupant les déclarations de ces derniers, on découvre 9 fois sur 10 des chiffres différents chez les VTC.
En résumé, toutes les courses ne sont pas déclarées. Voilà ce qu’a révélé le rapport du Haut Conseil du Financement de la Protection Sociale. Pire : dans 3 cas sur 10, aucune déclaration n’a été faite par le chauffeur. Et les livreurs de repas ne sont pas plus en règle puisqu’ils seraient 70 % à truquer leurs déclarations également.
Travail au noir : près de 90 % des VTC sous-déclarent leur chiffre d’affaires | par @BertrandBissuel https://t.co/jvDRujw8yw
— Le Monde (@lemondefr) November 23, 2021
Déficit public. Le montant de ces cotisations non réglées par ces entrepreneurs est évalué selon le rapport à 82,2 millions d’euros. Car oui, les VTC ne les employant pas, chauffeurs et livreurs sont les seuls responsables. Les plus de 125 000 chauffeurs et livreurs travaillant pour ces plateformes ne sont pas employés mais indépendants, et en tant que tels, soumis à ces obligations fiscales.
Le nerf de la guerre. Des erreurs, une méconnaissance du système expliquent-elles ces fausses déclarations ? Probablement, puisque ces jobs touchent en particulier des travailleurs très jeunes ou chômeurs (1 chauffeur sur 5 l’est au moment où il s’inscrit) donc peu formés au système. Mais ce n’est pas la seule explication à cette fraude généralisée.
Ces métiers ne sont pas très bien payés (le chiffre d’affaires médian est de 25 €/h et le revenu moyen d’environ 1800 €) et rassemblent des classes déjà défavorisées. La plus connue : ces comptes créés sur ces plateformes sont régulièrement partagés entre plusieurs personnes pour assurer une présence maximale, nécessaire pour que l’algorithme de la plateforme continue d’offrir du travail. La fraude fiscale pourrait donc être une autre tentative d’augmenter les revenus de ces travailleurs en première ligne pour qui l’addition, une fois toutes les charges déduites, s’avère sûrement un peu trop salée.
Livreurs et VTC contre une complémentaire santé imposée par les plateformes https://t.co/iUtcp76zpv
— 20 Minutes (@20Minutes) November 24, 2021