
L’État veut une transition massive vers des voitures électriques d’ici 2040. Sauf qu’une grosse part de ses revenus proviennent justement de taxes sur le pétrole...
Depuis quelques mois, les records s’enchaînent dans le petit monde de l’automobile électrique. Si 2% seulement des voitures françaises se rechargent le soir, les ventes ne cessent de progresser (+25% d’immatriculation en 2018). Pour tenir le seuil d’émissions promis par les accords de Paris, le gouvernement souhaite encore accélérer cette tendance et a déclaré vouloir en finir avec la vente de voitures essence et diesel dès 2040.
Selon un rapport rendu la semaine dernière par l”Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), cette transition est parfaitement réalisable. Mieux, elle pourrait bien diviser par cinq les gaz à effet de serre émis. Par contre, elle risque de mettre l’État sur la paille.
Suite aux premiers défilés des gilets jaunes en fin d’année dernière, le projet de taxe sur le carburant a été abandonné. Mais il reste bien des taxes sur les produits pétroliers – personne n’a oublié qu’elles représentent 60% du prix d’un plein. En baissant leur consommation, on baisse d’autant les revenus de l’État.
Les dernières projections estiment que ces taxes pétrolières devraient rapporter 37 milliards d’euros.
Le rapport souligne également que la mise en place des infrastructures nécessaires au tout-électrique nécessite des investissements importants. Selon la part de marché que réussirait à prendre la voiture à hydrogène et les hybrides, le coût tournerait autour de 30,7 milliards d’euros mais pourrait tripler pour atteindre 108 milliards dans le pire des scénarios.
Ajoutez la perte de milliers d’emplois dans la filière automobile thermique, et en particulier diesel, et la casse pourrait se chiffrer à « plusieurs centaines de milliards d’euros » selon le rapport remis par l’Opecst.
Pour s’en sortir, les gouvernements à venir devront sans doute augmenter la facture d’électricité en y reportant des taxes énergétiques jusqu’alors limitées aux dérivés de pétrole. L’autre option consiste à viser plutôt le marché des batteries qui aujourd’hui sont majoritairement conçues en Asie. D’une manière ou d’une autre, financer la transition sera douloureux. Mais sans doute bien moins que de subir le dérèglement climatique.