
On le sait, l'ancien maire de Levallois-Perret n'a jamais eu la langue dans sa poche. Sorti de prison l'an dernier pour raisons de santé, Patrick Balkany semble en avoir profité pour trouver une nouvelle ennemie : la mobilité douce.
OK Boomer. Cela ressemble à un règlement de comptes par déclarations interposées. Dans les Hauts-de-Seine, on est cela dit habitué, mais rien ne prédisposait les coronapistes mises en place par la nouvelle maire, Agnès Pottier-Dumas, à devenir l’objet d’une grosse colère de l’ancien homme fort de Levallois-Perret.
Tout débute lors de l’élection en juillet dernier d’Agnès Pottier-Dumas. Elle qui a longtemps été l’ancienne directrice de cabinet de Patrick Balkany devient maire de la ville – une première à Levallois-Perret, après 30 ans de mandats du couple Balkany. Rapidement, et contre toute attente, elle manifeste un désir d’émancipation vis-à-vis de ceux qui lui ont permis de devenir la patronne de la ville. Puis, alors que Levallois-Perret est cloisonnée comme toute la France en raison du Covid-19, l’édile décide de bousculer les habitudes en faisant entrer une sorte d’objet inconnu pour les Levalloisiens : le vélo. Grâce aux coronapistes, ils peuvent désormais circuler à deux-roues dans une ville longtemps réservée aux seuls automobilistes.
De quoi énerver l’ancien patron, Patrick Balkany, lors d’un reportage réalisé par BFM TV en décembre dernier. Dans un reportage consacré à la pérennisation des coronapistes cyclables à Levallois-Perret, l’ancien maire de la ville condamné à de multiples reprises par la Justice semble découvrir la réelle fonction du vélo :
À Levallois-Perret, la nouvelle équipe municipale a décidé de pérenniser les pistes cyclables. Une décision décriée par l’ancien édile, Patrick Balkany, pour qui le vélo “emmerde les automobilistes” pic.twitter.com/u7kazBTm9S
— Bonjour Paris • Matinale BFM Paris (@BonjourParisBFM) December 11, 2020
“Le vélo n’a qu’une utilité, emmerder le monde et particulièrement les automobilistes. […] C’est une mesure afin de plaire aux écolos-bobos.” En une seule déclaration, Balkany résume parfaitement le débat qui oppose encore les automobilistes (certains que la route leur appartient) aux cyclistes (fatigués d’être pointés du doigt). Or, et n’en déplaise à celui qui a été condamné pour blanchiment de fraudes fiscales, ces pistes cyclables éphémères vont finalement (comme à Paris) devenir pérennes. Une heureuse avancée pour certains, une atroce scarification de la ville pour d’autres.
Il subsiste à Levallois-Perret des rues à sens unique à deux, voire trois voies, qui se déversent sur un quai saturé… Aucun double-sens cyclable ni cédez-le-passage cycliste au feu ne m’a été proposé ! Le potentiel du vélo est immense par ici : à la mairie de le stimuler ! 7/8 pic.twitter.com/tzVivBq8XX
— cyclofuret (@cyclofuret) September 18, 2019
À 73 ans, Patrick Balkany ne semble donc pas prêt à se laisser charmer par la multimodalité, ni par les trottinettes Dott et les Vélib’. Il illustre ici, à sa manière, le clivage générationnel qui oppose ceux défendant l’autosolisme (se déplacer seul.e dans sa voiture) et les adeptes d’une micro-mobilité partagée et moins polluante.
Pour la nouvelle équipe municipale, “l’idée est de faire cohabiter les piétons, les cyclistes, les voitures et tous nouveaux moyens de circulation“. Et les choses ne devraient pas en rester là puisque de nouvelles pistes devraient voir le jour dans les prochains mois. “On n’est pas dans une chasse aux voitures“, précise la maire LR Agnès Pottier-Dumas. Une manière de rassurer ses électeurs, mais aussi de se distinguer de l’ancien locataire de la mairie qui, en 2012, déclarait “être contre les pistes cyclables et contre le vélo en ville qui est trop dangereux“. Libéré de tout mandat politique, il pourra néanmoins profiter des prochains mois pour s’initier, avec sa compagne Isabelle, aux joies du tandem.
« Je suis contre le vélo en ville »
« Je suis contre les pistes cyclables »
P. Balkany pic.twitter.com/eHDswWoLJK— Bilook le cycliste (@BilookVT) September 13, 2019