
D'ici 2050, le parc automobile mondial aura doublé. Et cette croissance proviendra à 90 % des pays en voie de développement, gros importateurs de véhicules d’occasion et donc, polluants. Un fléau à combattre, d'urgence.
Trou dans la raquette. La voiture électrique est en train de conquérir la planète entière… à quelques exceptions près. La transition énergétique concerne dans sa grande majorité les pays les plus développés et laisse de côté les pays en voie de développement. Ne pouvant se doter de véhicules neufs, ces derniers disposent d’un parc automobile majoritairement composé de voitures d’occasion thermiques, importées depuis l’occident.
Pour Rob de Jong, chef de l’unité « Mobilité durable » du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), les objectifs d’émission zéro fixés par l’accord de Paris sont impossibles sans mise en place d’une réglementation sur le marché des voitures d’occasion. Si les pays dits riches déplacent leur parc polluant vers les pays les plus pauvres de la planète, tous les efforts accomplis seront donc vains. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2015 et 2018, l’Union européenne, le Japon et les États-Unis ont exporté 14 millions de véhicules légers d’occasion vers les pays du Sud.
Marché toxique. Dans un rapport, l’ONU signale que les véhicules exportés par les pays du Nord sont souvent obsolètes, et donc techniquement bons pour la casse. Au lieu de cela, ils sont envoyés sans contrôle au préalable et mis en vente sans rajout des différentes pièces servant à limiter leur pollution. Les habitants des pays en voie de développement sont ainsi exposés à des niveaux élevés de pollution atmosphérique provoqués par des véhicules dégageant des particules fines et de l’oxyde d’azote.
Si en France les normes anti-pollution deviennent de plus en plus drastiques, cela n’est pas encore le cas en Afrique. Malgré des avancées à l’ouest du continent, de nombreux pays autorisent la vente de véhicules ultra polluants. Une situation que M. De Jong espère résoudre d’ici 4 ans en harmonisant les normes anti-pollution entre les différents États.
Chaîne vertueuse. A son échelle, l’ONU essaie de renforcer les réglementations dans les pays importateurs et de convaincre les pays développés de limiter l’export de leurs vieux véhicules polluants. Militer pour la décarbonation du secteur du transport est une chose, mais les pays en développement ne doivent pas récupérer les problèmes des pays principalement responsables du réchauffement global. Un voeux pieux qui permet encore une fois de réaliser que l’interdiction des voitures thermiques en Europe dès 2035 ne permettra pas à elle seule de gagner la bataille contre le Co2.