
Grâce à un dispositif ingénieux, ce champion de course automobile, devenu tétraplégique après un accident, a pu reconduire une voiture. Une prouesse qui redonne de l'espoir à toutes les personnes avec un handicap physique qui désirent retrouver une autonomie au volant.
Grand Prix. Sam Schmidt est devenu mordu de courses automobiles à l’âge de cinq ans. Don objectif était alors de courir les 500 miles d’Indianapolis, l’une des trois courses les plus prestigieuses du monde avec le Grand Prix de Monaco et les 24 heures du Mans. En 1997, à l’âge de 32 ans, son rêve devient réalité et Sam s’avance sur la ligne de départ pendant deux ans ; il gagne même d’autres courses en parallèle. Jusqu’à ce jour de l’an 2000, où sa voiture s’encastre dans un mur lors d’un entrainement sur un circuit en Floride. Deux vertèbres cassées. Sam devient tétraplégique. Les médecins jurent à sa femme que s’il survit à la première semaine, il respirera sous assistance toute sa vie. Faire mentir les probabilités, c’est le dada des sportifs. Au bout de cinq mois, Sam Schmidt respire seul. Mais pour ce qui est de reprendre un jour la course automobile…
À la vitesse d’une flèche. Des années après, il reçoit un appel d’un ingénieur d’Arrow Electronics, spécialiste des composants électroniques. Leur idée est de trouver comment lui permettre de conduire de nouveau. Sam a du mal à y croire, mais accepte, en leur faisant promettre de le faire rouler à plus de 150km/h. Pari est pris, le projet « SAM car » est lancé. Les ingénieurs de la société au nom de flèche modifient une Corvette C7 Stingray de manière à ce que le champion puisse la conduire en contrôlant la vitesse par reconnaissance gestuelle. En 2014, quatorze ans après son accident, Sam conduit de nouveau et pousse jusqu’à 172 km/h sur le mythique circuit d’Indianapolis !
245km/h à bout de souffle. Pari tenu, fin de l’histoire ? Tu parles. Le dispositif d’alors ne permet pas à Sam de tourner. Alors Arrows s’attèle à la v2. Cette fois, ils trafiquent une Corvette Z06. Ils inventent des lunettes connectées qui communiquent avec des capteurs sur le tableau de bord : les légers mouvements de sa tête vers la gauche ou la droite pour contrôlent les roues. Quant à la vitesse, elle est gérée par un tube placé dans la bouche de Sam. Lorsqu’il souffle, il accélère, tandis qu’en inhalant, il ralentit. Testé en mai dernier pour la première fois, le prototype lui a permis d’aligner quatre tours à Indianapolis, à une vitesse moyenne de plus de 160 km/h et même une pointe à 245 km/h. Quelques semaines après, Schmidt a participé à la course de côte de Pikes Peak, dans le Colorado, avec la même voiture.
Saint-Esprit. Cette histoire est capitale. Derrière la prouesse, le dispositif préfigure une solution extraordinaire pour permettre à des personnes handicapées de conduire de nouveau et retrouver une forme d’autonomie. L’État du Nevada, où réside Sam, lui a même accordé un permis pour conduire son véhicule semi-autonome en ville. Et si Arrows n’a pas encore annoncé de plan de commercialisation, cette histoire ouvre une voie. D’autres s’y attellent déjà, à l’instar de chercheurs chinois de l’université de Nankin qui ont développé une technologie qui permet de conduire une voiture en portant un casque qui transforme certains signaux émis par le cerveau en action concrète pour mettre en marche une voiture et la piloter. Morale : quand on utilise tous ses sens, la vie reprend elle aussi du sens.