
Alors que le salon de l’innovation et des pros de la mobilité rouvre ses portes le 16 mars porte de Versailles, son experte en mobilité urbaine Carolina Cominotti, nous a expliqué comment les villes se réinventaient pour faciliter nos déplacements. Surprise : la France s’en sort mieux que bien.
Bonjour Carolina Cominotti. Avant de superviser les partenariats du salon Autonomy, vous avez travaillé 10 ans comme urbaniste auprès de villes comme Paris et São Paulo. Quelle place occupe la mobilité dans les politiques urbaines ?
C’est un enjeu capital des villes et gouvernements. Depuis une décennie, on est passé des « transports » à « la mobilité », qui porte une notion de choix, de liberté. Chacun peut choisir de se déplacer quand et comme il le veut. C’est une nouvelle approche plus humaine, où la personne est remise au centre. Partout dans le monde, on trouve ce changement, de différentes manières. Pour les présenter, Autonomy reçoit des représentants de Bogota, Glasgow ou Madrid mais aussi Marseille et Saint-Quentin-en-Yvelines qui exposeront leur transition.
Quelle est la tendance dans ce domaine, comment veut-on améliorer les mobilités existantes ?
Les villes travaillent surtout à rééquilibrer l’espace public pour redonner de la place aux gens plutôt qu’aux véhicules. On va donc d’abord privilégier les mobilités actives (la marche, le vélo), puis les mobilités propres (transports publics notamment), sans oublier toute la logistique…
« A Paris, 60 % des déplacements se font à pied contre 10 % seulement en voiture, pourtant on lui consacre une large place. »
Justement, comment se situe la France à l’échelle mondiale ? Locomotive ou wagon de queue ?
Les Français ont tendance à être critiques, mais c’est injuste : la France est très représentative de cette démarche qui consiste à s’adapter aux nouveaux besoins. La région parisienne a même un rôle de leader : depuis le réaménagement de la place de la République, il y 10 ans déjà, Paris redonne de la place aux mobilités douces : marche, vélos… Normal, 60% des déplacements s’y font à pied, mais l’espace n’est pas aussi bien partagé : l’automobile représente 10% des trajets, mais on lui consacre une plus large place.
Plus récemment, Paris a pris le parti d’abaisser la vitesse à 30 km/h, mais elle a aussi supprimé des places de stationnement. On le sait peu mais, ensemble, elles équivalaient à six parcs des Buttes-Chaumont. Cette réorganisation de l’espace public est au cœur des discussions aujourd’hui.
L’Île-de-France est à l’avant-garde, mais qu’en est-il des autres métropoles françaises ?
Toutes les villes n’ont pas les mêmes moyens que Paris, mais elles font des essais. Nous allons ainsi donner la parole à Nancy qui accueille l’UrbanLoop, un train magnétique hyper-rapide. Chacune a son territoire, ses dispositions… Il n’y a pas de voie unique, de solution miracle, mais on peut apprendre des autres, même de leurs échecs. Ce sont ces échanges que montre Get Our Cities Moving, deux matinées organisées avec le réseau POLIS Network, où Autonomy invite les responsables mobilités des villes de Rome, Londres, Barcelone Paris mais aussi Rio et Buenos Aires, entre autres.
📢 Save the Date ! @Getaround presents 5 experts who will discuss the topic “What can cities do to accelerate car sharing in their communities?” on March 16th at 10:25
📢📢Learn more about Autonomy Paris 2022 👉👉 https://t.co/A5mN8jpvOY pic.twitter.com/cpz8LZsOsD
— AUTONOMY (@AUTONOMY) March 8, 2022
Face à l’urgence climatique, quelle stratégie apparaît la plus sûre : électrifier les transports ou faciliter la multimodalité ?
Il faut pousser la multimodalité, c’est à dire aider à composer des trajets en s’adaptant aux besoins et en privilégiant des véhicules propres. Mais, à ce titre, il n’y a pas que l’électricité : il y a l’hydrogène, la mobilité active… Pour rester sous 1,5° de réchauffement climatique, il faudra surtout lutter de toutes nos forces contre l’autosolisme et c’est ce que le salon Autonomy fait en présentant un large panorama de solutions.
« Il faut encadrer légalement l’innovation, sans l’étouffer ni la tuer. »
Parlons logistique : comment prévoit-on de réduire les nuisances de la logistique urbaine, comme les dark stores et les livreurs en centre-ville qui explosent depuis 2 ans?
C’est typiquement le rôle de l’État de défendre l’intérêt public comme il l’a fait avec Airbnb. Il faut encadrer légalement l’innovation, sans l’étouffer ni la tuer. Amener une cargaison dans les entrepôts avec des véhicules plus léger puis introduire un vélo-cargo pour le dernier kilomètre, c’est une solution enviable et envisageable. C’est pourquoi on reçoit Urban Arrow, car les vélos-cargo sont un tournant important. Mais on accueille aussi Volta Trucks et ses camions zéro émission complètement repensés, avec des cabines larges pour mieux protéger les piétons. Car la sécurité routière est plutôt bonne en France, mais dans d’autres pays, c’est comme une autre pandémie…
L’innovation en 2022 va donc servir le gouvernant plutôt que les usagers ?
Non, c’est un mélange des deux car on cherche aussi à améliorer l’expérience des utilisateurs dans les transports. Notamment avec l’aide du numérique, parfait pour la multimodalité et l’expérience. Et puis les villes se préparent à l’automatisation, en faisant évoluer le cadre réglementaire. On a d’ailleurs une conférence dédiée sur ce thème. Mais en résumé, l’avenir de la mobilité en ville, c’est : la multimodalité, toujours et encore ; réorganiser l’espace pour toutes les mobilités ; mieux combiner innovation publique et privée pour les passagers comme pour les marchandises. Et voilà !
Autonomy Paris : 16 & 17 mars – Porte de Versailles, Paris
infos sur autonomy.paris
At Volta Trucks, we are creating electric trucks for sustainable cities, with people at the heart of everything we do. This short film perfectly distills the essence of our mission. pic.twitter.com/y2jLDggsBh
— Volta Trucks (@TrucksVolta) August 4, 2021