
La vague de chaleur record que connaît actuellement la France permet de poser la question qui fâche. Et tout laisse à penser que les infrastructures actuelles ne sont absolument pas adaptées aux enjeux climatiques.
37°C à Paris, 43°C dans le RER. Plusieurs heures de retard sur les voyages nationaux. Des milliers de passagers bloqués à quai sans informations avec, dans le meilleur des cas, une bouteille d’eau à se partager pour 20 personnes. Ces situations vous semblent familières ? Hélas, avec le réchauffement climatique, il va falloir s’y habituer. Comme en 2018, la France semble paralysée, voire immobilisée, en raison de l’intense vague de chaleur. La seule réponse du gouvernement, donnée par l’intermédiaire de la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne, étant de conseiller aux Français d’éviter les déplacements non essentiels. En pleine période de départs en vacances. Et alors que des millions de salariés ont recours aux transports en commun pour éviter de polluer. Sacré coup de soleil pour le bon sens.
[#Canicule] Point de situation en cellule de suivi au @Min_Ecologie, 20 départements en #vigilancerouge :
⚠️ La situation sera très difficile demain dans les #transports : tous les voyageurs qui le peuvent sont appelés à éviter ou reporter les déplacements non essentiels. pic.twitter.com/1IJepjo9RB
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) July 24, 2019
Sur tout le territoire, depuis le début de la canicule, les scènes se répètent, identiques : TER et trains supprimés, caténaires (les câbles électriques servant à alimenter les trains) hors de contrôle, personnels dépassés ou insuffisamment formés pour gérer la période de crise, voyageurs au bord de l’implosion avec à la clef souvent plusieurs heures de retard. La raison principale ? Elle est technique. Quand la température extérieure atteint les 37°C, les rails peuvent afficher un solide 50°C à l’origine de leur déformation. La SCNF, organisme public, n’a dès lors plus qu’une solution : assurer la sécurité de ses clients en imposant une série de mesures de sécurité pouvant aller jusqu’au blocage des trains. Ainsi débute, à l’inverse de la météo, une averse de commentaires haineux sur Twitter.
Il aurait été judicieux de demander aux entreprises de faciliter l’accès au Télétravail pour ces jours de https://t.co/B8J9MeoMvY @SNCF nous demande de limiter nos déplacements sur Paris mais ns devons bien travailler,non? Un msg de votre part aux entreprises aurait eu du poids.
— Parisian_Ioannis ن (@Parisian_Ioanni) 24 juillet 2019
Bonsoir @sncf, ça a l'air compliqué de rentrer à Paris depuis le sud-ouest ce soir. Pourquoi tous ces retards en gare de Dax? Pourquoi si peu d'info?
— Claire (@supercatiote) July 21, 2019
1…2…3 heures de retard!
👏🏾 @SNCF pic.twitter.com/YaeWbNgIa4— AAKM (@Ares210) July 24, 2019
Comme on l’aura compris, plus la chaleur monte, plus le matériel de la SNCF (caténaire, rail, boitier électrique, etc) se dégrade. Au-delà de l’aspect sécuritaire essentiel, ces avaries traduisent avant tout une impréparation du transporteur ferroviaire au grand changement climatique actuel ; un problème d’autant plus grave qu’il pourrait bien décourager pour longtemps les Français d’opter pour le train, moins polluant, au profit d’autres modes de locomotion dont les statistiques prouvent qu’ils sont à l’origine du réchauffement climatique. L’allégorie du serpent qui se mord la queue, en somme.
Dans le même temps, les trains en état de circuler en temps de canicule sont néanmoins ralentis afin de ne pas endommager rails et caténaires. C’est donc tout un pays qui est en marche, certes, mais au ralenti. Les solutions de la SNCF, à l’heure actuelle, sont au nombre de trois : inciter les voyageurs à rester chez eux (un comble), télétravailler (ce qui revient à la même chose, finalement) ou se faire rembourser gratuitement et sans frais leurs billets jusqu’au 29 juillet. Il faudra un peu plus que cela, dans les années à venir, pour prendre correctement le virage de la mobilité estivale.
Seule éclaircie dans ce marasme : dès 2020, les clients SNCF pourront se faire rembourser 50% du prix de leurs billets dès qu’un train accusera plus d’une heure de retard (et 100% après deux heures de retard). On doit cette initiative au Parlement européen, et c’est peut-être le genre de coup au portefeuille qui permettra de faire réagir les dirigeants du principal acteur ferroviaire français.