
Valérie Pécresse la considère comme une mesure de sécurité en plus contre les attentats. Mais cela pourrait aussi éviter à la RATP de perdre 100 millions d’euros par an.
Des caméras aux portiques. Début février, la présidente de la Région Île-de-France faisait scandale en prônant l’installation de (plus de) caméras dans les gares et pourquoi pas sur les portiques d’accès aux RER et métros. Reliées à un logiciel de reconnaissance faciale qui recouperait les visages scannés avec le fichier des personnes recherchées, ces nouvelles caméras permettraient de sécuriser les transports où transitent chaque jour 4 millions de passagers.
Après tout, rappelle la présidente d’Île-de-France Mobilités, les aéroports en sont bien équipés, or « il n’y a pas de raison qu’il y ait des degrés de protection différents entre les avions et les trains ». Sauf que cela pose un sérieux problème de protection des données et des risques d’atteinte aux libertés individuelles : rien ne dit qui pourra accéder aux données et si elles seront conservées. Toutefois, la reconnaissance faciale pourrait servir un autre rôle à Paris : stopper la fraude et rendre les transports rentables et rapides.
Acheter son ticket dans le bus fait perdre 150 000 heures par an à la RATP.
Cent millions d’euros perdus chaque année. Selon les estimations de la Cour des comptes, la fraude a fait perdre 191 millions d’euros en 2016 à la RATP et la SNCF. Depuis, les amendes ont augmenté pour dissuader les resquilleurs, sans grand résultat. En surface, ce n’est pas mieux : la RATP reconnaissait 12% de fraudeurs sur ses trams et bus. Une solution pointe alors le bout de son nez : remplacer le Navigo par une reconnaissance faciale.
Chaque abonné serait reconnu et entrerait sans avoir à biper le titre de transport. Pour la RATP, qui emploie 1250 contrôleurs, il y a une économie à réaliser. En l’ajoutant au manque à gagner actuel qui serait ainsi récupéré, il y aurait peut-être là matière à rendre rentables les transports en commun et donc accessibles au plus grand nombre.
Pas négligeable non plus, il y a moyen de rendre les transports plus rapides. Aujourd’hui, les bus parisiens perdent 150 000 heures par an à vendre des billets au lieu de rouler… En automatisant le contrôle d’une part des passagers, on gagne du temps aux arrêts, ce qui fluidifiera aussi le trafic en évitant aux automobilistes d’attendre derrière le bus. De quoi faire réfléchir ?