
C’est un fait : depuis le 17 mars, la France tourne au ralenti. De quoi doublement inquiéter le ministère de l’Économie puisque le manque à gagner pourrait être très important. Mais faut-il vraiment pleurer ?
Trafic au point mort. De mémoire, on n’avait jamais vu ça. Paris transformé en désert automobile, les principales agglomérations françaises sans aucun bouchon ni klaxon, même des animaux réinvestissent les centres urbains délaissés par l’être humain. Pour les écologistes de tous poils, le confinement peut être une « bonne nouvelle », il dépollue les centres-villes et a même fait tomber la pollution sonore de 80% en Île-de-France. Pour l’État, en revanche, c’est une autre paire de manche.
Un manque à gagner de 150 millions d’euros. C’est l’un des effets inattendus provoqués par la pandémie du coronavirus : si les Français ne roulent plus, ils ne commettent plus d’infractions. Alors que la voiture n’est plus autorisée que pour les déplacements professionnels urgents – et que rouler sans prétexte peut vous valoir trois ans de retrait de permis – les radars placés un peu partout en France font grise mine ; et il en va de même pour les procès-verbaux dressés pour mauvais stationnement.
En prenant la calculatrice, on arrive effectivement à un calcul simple : en 2017, les constats d’excès de vitesse ont ramené presque 2 milliards d’euros, d’après les chiffres de la Sécurité routière. En 2018, et en raison de l’apparition du mouvement des gilets jaunes, la somme est descendue à 1,75 milliard (dont 864,4 millions pour les flashs radars). Une rapide règle par trois permet donc d’estimer que les 45 jours de confinement « coûteront » au gouvernement environ 220 millions d’euros ; une somme qui viendra s’ajouter à l’effort de guerre investi pour soutenir les entreprises et qui, in fine, devrait plomber les comptes de 2020.
Une bonne nouvelle : moins de morts sur les routes. Le paradoxe, c’est que la mortalité routière était en février dernier en forte baisse, avec -12,6% de tués sur les routes (soit 32 personnes). Une tendance qui devrait évidemment être confirmée pour mars et avril – puisque plus personne ou presque n’a le droit de rouler – et au moins donner temporairement de quoi sourire alors que la France ressemble désormais à un gigantesque circuit vide.
Rappelons par ailleurs que l’argent récolté lors des flashs et contraventions sert pour partie à rénover les infrastructures routières, mais aussi à aider au désendettement de l’État et au financement des collectivités territoriales. Pas sûr que la destruction des radars soit nécessaire cette année…