
Les annonces du gouvernement pour sauver l’industrie automobile du marasme causé par le COVID-19 étaient attendues : elles n’ont pas déçu. Au programme, un soutien de 8 milliards d’euros doublé d’un virage écologique sans précédent.
Faire de la France la plus grande nation productrice de véhicules propres d’Europe, c’est son projet. S’il fallait résumer le discours d’Emmanuel Macron le mardi 26 mai, rien de mieux que la phrase précitée pour illustrer la bataille qui commence. Touchée comme les autres secteurs par le coronavirus puis le confinement, l’industrie automobile française attendait un signal fort du gouvernement ; il est arrivé en direct d’une usine de l’équipementier Valeo, dans le Pas-de-Calais, où le président s’est exprimé pour dérouler le plan de cette politique publique de soutien. À ce jour, 500 000 véhicules attendent de trouver preneurs – les concessionnaires sont à l’arrêt depuis mars. “Du jamais vu, hors temps de guerre”, a précisé Macron.
Dans le détail, la couleur est verte verte verte. Verte, évidemment, pas comme un pot d’échappement, mais comme la transition écologique qui s’annonce. Car outre les 8 milliards débloqués pour les constructeurs qui s’engageront à nationaliser une partie de leur production, le gouvernement souhaite transformer la menace du virus en opportunité. Autrement dit, saisir l’instant pour accélérer la mutation du parc automobile.
Notre objectif : faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe. Nous porterons à plus d’un million par an sous cinq ans la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 26, 2020
Les Français pourront désormais bénéficier d’une prime de 7000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique, d’une autre prime de conversion de 5000 euros s’ils se séparent d’un ancien véhicule dit polluant (soit 12 000 euros au total !) et de 2000 euros pour l’achat d’un véhicule hybride rechargeable. Last but not least, la prime de conversion s’adresse à 75% des Français puisque le plafond fiscal a été remonté à 18 000 euros et elle peut aussi être utilisée si vous convertissez votre voiture thermique à l’électrique (technique dite du rétrofit).
L’objectif avoué est de passer la seconde sur une mobilité plus responsable, moins polluante. L’un des grands axes de ce plan Marshall spécial automobile est le déploiement plus rapide que prévu d’infrastructures pour aider les Français à passer le cap. Les bornes de recharges, actuellement sous-dimensionnées pour le parc français, devraient être portées à 100 000 en 2021 (c’était initialement l’objectif fixé pour 2022).
Parce qu'il ne peut y avoir de véhicules électriques sans systèmes de recharge, nous accélérons également le déploiement des bornes électriques sur tout le territoire pour atteindre dès 2021 l'objectif des 100 000 bornes qui était initialement fixé pour 2022. https://t.co/E0skRsGjSP
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 26, 2020
Ces annonces, qui sont également un axe de communication fort pour le gouvernement, visent à faire de la France l’un des leaders de la voiture électrique mondiale. Pour cela, Macron a planté un chiffre symbolique : être en mesure de produire (sur le sol français) 1 million de véhicules électriques d’ici 2025. Un chiffre à mettre en comparaison avec le nombre de voitures thermiques (2,2 millions, soit 92 % du parc actuel, contre 2 % pour l’électrique) qui illustre bien cette ambition alors que les premiers sondages tendent à prouver que le consommateur français semble enfin prêt à changer ses habitudes. Reste à savoir si ce plan sera mené à son terme ou s’il ne s’agit que d’un effet d’annonce.
S’il est réélu en 2022, Emmanuel Macron devra rendre compte de ces promesses sur le jour d’après, sans pollution ni gaz toxiques. Souhaitons-lui bonne chance.
Image une © Richard Bouhet – Source : AFP