
Pour laisser la priorité aux voitures de cette ville des Yvelines, les piétons n’ont plus le droit de traverser la route aux heures de pointe.
Passage (trop dangereux pour les) piétons. À la sortie de l’A86, super-périphérique parisien, le pont de Chatou dessert aussi Rueil-Malmaison. Ici passent chaque jour 45 000 véhicules. Un enfer aux heures d’affluence, un cortège de klaxons et une atmosphère étouffante de fumée. Alors la mairie a cherché un moyen pour limiter les bouchons qui bloquent l’entrée dans la ville, et a trouvé une idée il y a deux ans : « On a privilégié pendant deux heures le flux de voitures, confesse la première adjointe au Parisien, le feu était rouge tout le temps et on avait une file d’attente jusqu’à l’A86 ». En clair : les piétons ne sont plus autorisés à traverser.
Un passage piéton interdit aux piétons ? Bienvenue à Chatou, dans les Yvelines, une ville traversée par la D 186, un axe très emprunté de 2 x 2 voies desservant l’ouest parisien. https://t.co/BW7oozk9xr
— Commute de Paris (@CommuteDeParis) February 18, 2021
Ligne blanche, lumière orange. Un passage piéton est pourtant bien matérialisé sur le sol en trois sections pour couper cette deux fois deux voies. Mais à 17h, le feu ne passe plus au rouge pour vous laisser traverser. Les automobilistes profitent d’un feu orange clignotant ininterrompu, jusqu’à 20h30. Pendant ces deux heures et demie, les piétons sont invités à emprunter un passage souterrain, guère accessible : six barrières à contourner assurent que des véhicules n’y passent pas… Les fauteuils roulants et personnes âgées trouveront bien un moyen tout seuls.
Content que ce passage piéton anti-piéton à Chatou, le comble de l’hostilité urbaine, se fasse de plus remarquer. C’est une aberration urbaine, une déclaration de guerre à l’idée qu’une ville peut être apaisée, agréable et non dangereuse en surface. Une provocation! https://t.co/g7He1Gjt2m
— Stein van Oosteren (@LCyclable) February 14, 2021
Les vélos ne sont pas les bienvenus non plus. Interrogé par nos confrères, Stein van Oosteren du collectif Vélo Île-de-France s’insurge face à cette démonstration que nos villes sont encore trop pensées par et pour des automobilistes. Les marcheurs n’y sont pas les bienvenus, pas plus que les cyclistes : comme tant d’autres, la ville avait installé une coronapiste au déconfinement… avant de la supprimer 15 jours plus tard car elle générait des bouchons. On aurait pu envisager de réduire le flot de conducteurs, mais visiblement il faudra attendre la prochaine élection municipale pour cela.