Y-a-t-il un (seul) pilote dans l’avion ? La branche de l’ONU qui encadre l’aviation civile dans le monde a fixé le nombre de pilotes aux commandes à deux au minimum. L’un pouvant surveiller l’autre et le relever en cas de besoin, ou simplement lui permettra de prendre un repos sur les longs trajets. Mais plusieurs compagnies ont présenté une requête pour diminuer ce chiffre de moitié.

Selon Bloomberg, qui relaie cette information, une quarantaine de pays seraient demandeurs d’une modification de règlements auprès de l’International Civil Aviation Organization (ICAO). Le principal argument dans ce sens a été fourni il y a peu par Airbus au site Euractiv : « Depuis les débuts de l’aviation commerciale, chaque nouvelle génération d’avions a été de plus en plus automatisée, et cette automatisation a conduit à des améliorations d’efficacité et de sécurité ». En d’autres termes : la technologie permet de se passer d’un second pilote.

Our CEO, @joepleader, was recently interviewed by @AngusWhitley1 for the Bloomberg @markets article: "Airlines Push for Lone Pilot Flights to Cut Costs Despite Safety Fears." Read it here: https://t.co/ZSDDQz0f1f#PaxEx #Aviation #AviationNews

— APEX (@theAPEXassoc) November 28, 2022

Evolution ou Uberisation ? Il y a 70 ans, l’aviation commerciale embarquait 5 pilotes formés à son bord (dont le copilote, le mécano, le navigateur et le radio). Nous en sommes à deux et les avions sont bien plus « intelligents » : autopilote, sondes… les pilotes peuvent compter sur de nombreux instruments pour les seconder et vérifier qu’ils n’oublient rien. Mais le fond du problème est bien humain, lui : le secteur de l’aviation connaît une pénurie de pilotes.

Cet été, des compagnies low-cost ont même été obligées de confier certains vols à des pilotes auto-entrepreneurs. Un risque car la compagnie ne peut imposer les mêmes exigences de repos ou de préparation à des prestataires non salariés. C’est pour éviter cette situation que les compagnies font aujourd’hui pression. Légaliser le pilote unique coûtera moins cher aux compagnie et flexibilisera les embauches (les pilotes les plus anciens ayant tendance à tirer le coût salarial vers le haut).

Moitié moins cher en 2027. En Europe, l’EASA envisage deux évolutions possible de son règlement : permettre un seul pilote si les avionneurs prouvent que leur technologie est capable de s’auto-piloter, ou un second pilote qui ne serait aux commandes que sur les phases délicates (décollage, turbulences…) et se reposerait le reste du temps. En fonction du choix, l’EASA pense pouvoir modifier ce point dans moins de 5 ans.

Une situation qui pourrait rappeler en tous points celle des transports en commun (bus et métro) qui manquent de chauffeurs tandis que les navettes autonomes sont de plus en plus fiables. Ne manque que la législation pour réussir à convaincre les passagers de monter dans un appareil piloté par un seul pilote.