
Depuis leur installation partout en France, les manifestations se multiplient contre les « coronapistes ». Mais pourquoi cette grogne ?
Gaulois = râleur. En réponse à la pandémie, de nombreuses chaussées ont été amputées d’une voie, depuis dédiée aux cyclistes. On les appelle “coronapistes” et, en quelques semaines, plus de 1000 kilomètres ont été déployés. Rapidement adoptées, elles génèrent pourtant une vive colère chez les automobilistes, entre autres. Mais pourquoi râlent-ils autant ?
Ça grince. À Limoges, le 17 juillet, les commerçants d’une avenue découvrent que, dans la nuit, une piste d’un kilomètre a été aménagée en catimini sur les places de stationnement. Déjà fragilisées par le mouvement des gilets jaunes et le confinement, ces boutiques craignent une perte de clientèle. Histoire similaire près de Rouen, avec des riverains notifiés seulement deux jours avant le début des travaux. À Nice, les commerçants s’estiment soudain privés de la clientèle d’automobilistes de passage en ville.
Sans concertation, le ton monte très haut, certains comparant carrément ces constructions à l’aménagement… du mur de Berlin. Outch !
Malgré ces protestations, les Français ne sont pas réfractaires à l’usage du vélo. Preuve en est, cette manifestante azuréenne qui s’est rendue à la manif… à vélo. En fait, la demande n’est pas un retour au tout-voiture, mais une transition intelligente et concertée. Mairie, y es-tu ? M’entends-tu ?
Attention : voie rétrécie. La suppression des files se répercute aussi sur le trafic routier. Ce problème (une file en moins = plus de monde par voie) a déjà été souligné par la Fédération des motards en colère (ici). Des municipalités, comme celles de Marseille ou de Chatou, leur donnent d’ailleurs raison et ont rétro-pédalé en supprimant les aménagements créés.
On dépense 600.000 € pour bricoler une piste cyclable dangereuse, on attend 1 semaine puis on la supprime en justifiant qu’elle “n’a pas trouvé son public” #Marseille #Vélotaf #Génial https://t.co/gl3D8l1s41
— Hugo Lara (@hugolaramars) May 25, 2020
Rappelons pourtant que pour le collectif Vélo Île-de-France «les pistes cyclables temporaires ont déjà prouvé leur efficacité» et que, selon eux, l’équation est tout aussi convaincante. Plus de pistes = plus de cyclistes, donc autant de voitures en moins, résultant à terme à moins d’embouteillages. Et s’il fallait laisser du temps pour que les transitions se fassent ? Ou simplement investir intelligemment ? En tous cas, on n’a pas fini d’entendre parler des pistes cyclables.