
Il y a d’abord les effets négatifs à court terme : confinement, fermeture des frontières européennes et fin de la vie telle que nous la connaissions. Et pourtant, le Covid-19 est un virus qui pourrait s’avérer bon, à la fois pour la planète et pour notre manière de nous déplacer quotidiennement.
Réaction en ch(a)ine. Depuis plus d’un mois, et encore plus depuis une semaine, la France n’a plus que ce mot à la bouche (sic) : coronavirus. Un terme qui, il faut bien l’avouer, dissimule plusieurs angoisses : la première étant de ne pas l’attraper, la seconde d’être immobilisé.e comme c’est le cas depuis l’allocution d’Emmanuel Macron le lundi 16 mars au soir. Mais derrière l’angoisse d’une ambiance de guerre civile ou de dictature se cache peut-être une opportunité : une révolution complète de notre manière de bouger en avion, en train, en voiture.
La meilleure preuve de ce raisonnement vient du foyer de l’épidémie, en Chine. Rien qu’en quatre semaines, ce sont 200 millions d’émissions de CO2 qui ont été économisées en raison du confinement d’une grande partie de la population, d’après les études finlandaises du Centre for research on Energy and Clean Air. Il en va de même pour les émissions de particules fines (de -20% à -40%) et le nombre de vols au départ de Chine : alors que le pays a fait décoller 16 251 avions le 12 février 2019, seulement 3243 ont quitté les aéroports 365 jours plus tard. Avec à la clef une réduction drastique de la pollution atmosphérique.
Nitrogen dioxide over #China has dropped with the coronavirus quarantine, Chinese New Year, and a related economic slowdown. https://t.co/URfLNy0GZJ #NASA #COVID2019 pic.twitter.com/PM60uL772K
— NASA Earth (@NASAEarth) March 4, 2020
Il serait évidemment très naïf (pour ne pas dire plus) d’affirmer que le coronavirus règlera à lui seul tous les problèmes rencontrés actuellement par l’humanité, mais les 200 millions de CO2 économisés en Chine sont à mettre en parallèle du « budget carbone » de la France pour 2020, estimé à 450 millions de tonnes. En seulement un mois, contrainte et forcée, la Chine a économisé autant que si la France avait été à l’arrêt pendant six mois, et ces chiffres sont dans une certaine mesure aussi valables pour l’Italie, en confinement depuis plusieurs semaines. De quoi faire dire à un jeune écologiste suisse de 18 ans que « le coronavirus est peut-être une solution ». Pour éviter l’effondrement, la pollution urbaine et, si l’on résume, la fin du monde tel que nous le connaissons.
Greta Thunberg approuve ce message. Pour la génération Greta Thunberg, celle ayant grandi sans le culte de la voiture individuelle et du gaspillage à outrance, ce message est déjà une réalité. Il est l’incarnation même du besoin de démondialisation qui incite déjà plusieurs constructeurs à repenser à la fois les modèles de demain, mais aussi leur mode d’alimentation. L’un des premiers secteurs “victimes” de la crise sanitaire que nous traversons, c’est évidemment le transport aérien ; touché de plein fouet et amené à se réinventer au plus vite puisqu’il représente 3% des émissions globales (et que ce chiffre devrait tripler d’ici à 2050).
Plus engagés, plus responsables, plus éthiques sans doute, les consommateurs des années 2020 n’attendront certainement pas une nouvelle crise pour distinguer les marques et les transports en mouvement de ceux immobiles face à l’urgence. « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », s’est ému le président lors de l’un de ses discours à propos du Covid-19. On aurait envie de rajouter celui du transport, dont on voit bien toutes les difficultés qu’il a à s’adapter à la situation actuelle. La micro-mobilité qui passera par l’électrique, le télétravail ou encore le covoiturage (avec des mains propres, évidemment !) sont autant de solutions pour ne pas reprendre les mêmes mauvaises habitudes à la fin de cette épidémie. Tachons de nous en souvenir, lorsque nous pourrons ressortir à nouveau.