
Paris, ce sont des symboles comme l’arc de triomphe de l'Étoile ou la tour Eiffel, mais pour les Franciliens, c’est aussi la ligne 13 du métro, un enfer quotidien ponctué de retards, de saturations et de bousculades aux heures de pointe. Comment cet axe qui relie Saint-Denis à Montrouge est-il devenu synonyme de poisse pour les 610 000 personnes qui l’empruntent tous les jours ?
La ligne qui porte malheur. La ligne 13, même ceux qui ne l’ont jamais prises la connaissent. Pour s’en rendre compte, un rapide détours par Twitter permet de vérifier sa popularité : à peine le déconfinement enclenché mi-mai 2020 que cette dernière était déjà la risée des internautes, excédé de la retrouver aussi saturée qu’avant l’arrivée du coronavirus, et tous très inquiets du respect des distances de sécurité rendu impossible par l’affluence gigantesque. Tous les ans, ce sont près de 126 millions de voyageurs qui l’utilisent, majoritairement à contre-cœur.
https://twitter.com/Callystor/status/1259749312386433024
« Et si on obligeait les enfants à suivre leurs cours dans la ligne 13 du métro ? » pic.twitter.com/H9DqBzvU5M
— Renaud Tarlet (@RenaudTarlet) May 11, 2020
Une station qui a 109 ans. Il faut dire que sur la carte RATP, la ligne 13 reste atypique. Elle dispose d’un livre en son “honneur” Ma ligne 13, par Pierre-Louis Basse, d’une page Facebook tenue par des utilisateurs au bout du rouleau et de messages quotidiens sur les réseaux, où s’entassent avaries matérielles, inondations, panne de signalisation et autres petits problèmes qui ont depuis longtemps permis aux salariés en retard de se justifier en arrivant au bureau : « C’est à cause de la ligne 13 ! » À sa décharge, la ligne créée en 1911 peut se targuer d’être la cinquième la plus utilisée au monde, selon Google Maps. En analysant les remontées data de ses utilisateurs aux heures de pointe (6h-10h), l’application a permis d’établir un classement qui enfonce encore un peu plus cette satanée ligne qui traverse Paris du nord au sud. Sans surprise, la 13 est également la ligne la plus bondée du réseau parisien.
C’est à partir de 2005 que la saturation chronique débute réellement. L’une des raisons est l’extension de sa petite sœur, la ligne 14, jusqu’à la gare Saint-Lazare (où la 13 passe également). Le fait que la ligne relie les quartiers les plus populaires (Saint-Denis, Saint-Ouen) aux quartiers d’affaires (Miromesnil, Champs-Élysées, etc) n’aide pas à dé-saturer des wagons qu’il faut souvent laisser passer tellement ils sont chargés. Une réalité qui, à l’heure du COVID-19, a été cruellement rappelée par les internautes, encore.
« Je vois des mesures de distanciation sociale dans la ligne 13 du métro à Paris. » pic.twitter.com/tL5L2Co4C6
— Renaud Tarlet (@RenaudTarlet) May 11, 2020
Une bonne nouvelle. Heureusement pour les usagers, le changement pourrait bien arriver maintenant. D’abord, la ligne 13 pourrait être automatisée. C’est le désir de Valérie Pecresse qui semble avoir “décidé de faire de la ligne 13 l’une des plus modernes et confortables du métro“. Ensuite, après douze ans de dossiers, validations et tergiversations, l’extension de la ligne 14 jusqu’à la mairie de Saint-Ouen pourrait redonner une bouffée d’air pur aux utilisateurs de la ligne 13. L’ouverture est prévu pour juillet-aout 2020 (si aucun retard ne vient frapper encore la ligne par une malédiction) et les cinq nouvelles stations prévus sur cet axe (Pont Cardinet, Porte de Clichy, Saint-Ouen et Mairie de Saint-Ouen) devraient aider à desserrer le nœud coulant. Un site permet de suivre l’avancée des travaux. Vous pourrez toujours le consulter le matin en attendant, comme tous les jours, votre rame surchargée.