
Le fret pollue les eaux et réchauffe la planète. Le président envisage donc de faire freiner les navires de transport. Mais pas à 80 km/h cette fois.
Lors de sa récente allocution, juste avant le G7 à Biarritz, Emmanuel Macron a évoqué une proposition concrète pour agir pour la planète et lutter contre le réchauffement climatique. Pas là où on l’attendait, cette mesure arrivait par voie de mer : « Pour la première fois, a annoncé le président, nous allons nous engager avec les transporteurs maritimes pour réduire la vitesse des navires. »
Lever le pied. Pas nouvelle, cette proposition n’en est pas moins réaliste et efficace. À l’origine soumise par le Conseil international du transport écologique (ICCT), la limitation de vitesse des cargos et porte-conteneurs est une des mesures qui réduirait effectivement les émissions de gaz à effet de serre du fret.
30% d’énergie en moins en réduisant sa vitesse de 2 nœuds, les pétroliers ont tout à y gagner.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire l’a d’ailleurs reprise depuis l’an dernier en donnant quelques chiffres concrets : « Un pétrolier réduisant par exemple sa vitesse de 12 nœuds à 11 nœuds réduit sa consommation de 18% et de 30% à 10 nœuds. » Une vague d’espoir, mais est-ce suffisant ?
https://twitter.com/Min_Ecologie/status/985793325780398080
Coup d’épée dans l’eau. Si l’idée est bonne, sur le plan politique, ça rame un peu… Les 170 pays membres de l’Organisation maritime internationale se sont mis d’accord en 2018 pour diviser par deux leurs émissions de CO2 d’ici 2050. Cependant, ce vote n’était accompagné d’aucune mesure pour guider cette transition, ni de contrainte juridique. Pourquoi en accepteraient-ils aujourd’hui ?
Pourquoi cibler les navires ? Le fret serait responsable de 3% des émissions de carbone mondiales et les navires pèsent lourd dans l’environnement des ports qui les accueillent. Atmosud, l’organisme chargé de la surveillance de l’air à Marseille, accuse les navires d’être responsables de 38% des émissions de dioxyde d’azote et de 15% des particules fines de la ville phocéenne. Alors, pour porter ses fruits, cet abaissement de vitesse devra être complété par d’autres mesures : un plafond annuel d’émissions autorisées (pollueur-payeur) ou des quotas et taxes pour les armateurs sont envisagés. Comme dans le transport aérien finalement, l’heure de la nouvelle vague semble venue.
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