
Les Français sont-ils moins écolo-responsables que leurs voisins, et donc moins concernés par le sauvetage de la planète ? Absolument pas. seulement, la crise énergétique est passée par là, en entraînant une reconsidération des priorités alors même que le prix à la pompe reste très élevé. C'est la conclusion d'un sondage mené par l’Observatoire des mobilités et l'Ifop.
La voiture, 1er choix des Français pour bouger. On l’a vu pendant la campagne présidentielle, la mobilité n’a pas été l’un des sujets de préoccupation des candidats. Une omission qui a peut-être coûté cher à certains, puisque la question du pouvoir d’achat, centrale, cachait en réalité une inquiétude généralisée sur la hausse du carburant causée par la guerre en Ukraine. Et ce même pouvoir d’achat, grignoté peu à peu par l’inflation depuis début 2022, amène la population à revoir, si ce n’est ses priorités à la baisse, du moins son espoir d’un vrai changement à plus tard.
Voici en synthèse le résultat d’un sondage Ifop publié le 21 avril dernier auprès de 1501 personnes âgées de plus de 18 ans.
Le sondage réalisé s’avère des plus instructifs quant aux priorités des Français en âge de se déplacer. Qu’y apprend-on en premier lieu ? Que la voiture reste le mode de déplacement préféré, loin devant tous les autres (66%). Et par préféré, on entend “le plus fréquemment utilisé”, pour des raisons logistiques faciles à comprendre. Loin derrière, viennent la marche (16%), les transports en commun (10%) et le vélo (4%).
72% des Français estiment qu’ils seraient incapables de se déplacer sans voiture.
Cette préférence traduit en vérité une dépendance des Français : ils sont 72% à avoir l’impression qu’ils seraient incapables de se déplacer sans voiture. Et ce chiffre monte même à 92 % dans les zones rurales (contre 47% en région parisienne, historiquement mieux desservie par les transports en commun). Cette dépendance explique donc en grande partie pourquoi le prix au litre reste de loin “le sujet le plus largement jugé prioritaire pour le prochain quinquennat“, selon l’Ifop. Ils et elles sont 62% à estimer qu’il s’agit là de leur plus grande préoccupation, alors que la réduction de l’impact négatif des transports sur l’environnement ne semble concerner que 15% des sondés. Soit quatre fois moins de personnes, en proportion.
Panne de batterie pour la voiture électrique. Dans ce contexte, la popularité de la voiture électrique décroit fortement dans le même sondage. Alors même que le nombre de modèles neufs ne cesse d’augmenter, ils et elles ne sont que 37% à réfléchir à l’achat d’un modèle non thermique (ils étaient 49% en 2010). La question du prix de l’électrique (en hausse, lui aussi), l’insuffisance de l’autonomie et le manque de bornes de recharge constituent les principaux freins au changement.
Alors que la fin du véhicule thermique a été programmée politiquement en faveur de l'électrique, la part des automobilistes envisageant l'achat d'un véhicule électrique est en baisse.
➡ Ils étaient 49% en 2010. Ils ne sont plus que 31% aujourd'hui.
(IFOP/Sixt, avril 2022)
— 40 millions d'automobilistes (@40MA) April 20, 2022
Les centres-villes vs la campagne. Pour autant, les sondés ne sont paradoxalement pas opposés au fait de réduire l’usage de la voiture individuelle : “43% des sondés estiment ainsi qu’une telle réduction serait une bonne chose” avance le sondage Ifop. Reste, comme souvent lorsque l’on parle de mobilité à grande échelle, à mettre en place des politiques inclusives et non restrictives, comme ce fut le cas au début du mouvement des Gilets jaunes. Et le sondage de conclure que pour 27% des personnes interrogées, le budget mensuel alloué aux transports est compris entre 71 et 120 euros par mois. Ceux qui estiment qu’il s’agit là d’un poste très ou trop important vivraient en communes rurales ou seraient des automobilistes quotidiens, et forcés de l’être en raison du manque d’autres options à disposition.
Autant d’éléments sociologiques qui pourraient aider Emmanuel Macron à bâtir un quinquennat plus harmonieux en termes de mobilité.