
Aujourd’hui ce "land artist" a fait disparaître la station sous la verdure. Mais demain la hausse des mers pourrait bien emporter tout Dunkerque si on ne fait rien. Vous préférez quoi ?
Ciao pompiste. Les spécialistes du GIEC n’ont pas pris de gants pour nous l’annoncer cette année : la température mondiale monte drastiquement. Conséquence de quoi, la fonte des glaces entraînera une montée des eaux. Le nord de la France est donc un littoral condamné à disparaître sous les vagues si l’on ne fait rien. Une pilule difficile à avaler. Alors, pour que chacun se sente concerné, un artiste s’active. Ironiquement nommé Anonyme, ce spécialiste du land art a fait appel à la population pour végétaliser un lieu emblématique : une station-essence.

De moins en moins nombreuses, les stations-service sont vouées à disparaître. Longtemps prisée par les employés des chantiers navals, celle qui se dresse à portée du LAAC (musée d’art contemporain de Dunkerque) est abandonnée depuis des années. Anonyme l’a donc prise en cible pour la première phase de son projet « Vegetal attacks ».
Avec une vingtaine de volontaires réunie par un groupe Facebook, ils ont nettoyé les 1500 m² du site déserté avant d’y déverser de la terre. Ils ont créé un substrat pour faire pousser plus rapidement les plantes comme l’explique l’artiste au Parisien : « On a disposé différentes couches de matières : du carton, des feuilles, des tontes de pelouse, du compost et de la terre végétale. » Ensuite, ce parterre et les différents équipements mobiliers de la station ont accueilli les plantes telles du lierre et des bambous, plus résistantes au froid. Le paradis automobile d’hier est aujourd’hui devenu un enclos de jungle au milieu de la ville où nul humain ne vit. Bienvenue à la « Station des Sens ».
La création atteint son but : alerter et faire réagir. Bien sûr, pour que l’idée soit plus claire, l’artiste reconnaît qu’il aurait fallu noyer la station dans les eaux et en faire un aquarium géant. Mais il préfère voir la vie. D’ailleurs, l’opération paysagère ne s’arrête pas là : Anonyme va ajouter des nichoirs et un potager… Avant de continuer sa route ailleurs. « Je souhaite poursuivre cette expérience dans d’autres endroits insolites et abandonnés qui pourraient être à leur tour re-naturalisés afin de devenir des petites oasis pour la biodiversité en milieu urbain. » On peut s’en enchanter. Ou se relever les manches et planter des arbres pour éviter que cette prédiction ne se réalise.
Crédits photos : Le Parisien / Laurent Dubus