La mobilité de demain rime avec électrique. Mais avant que tous les conducteurs abandonnent leur thermique, la route sera encore longue. C’est pourquoi des entreprises, dont Porsche, misent sur les carburants de synthèse quasiment neutre en carbone. En effet, pour produire ce qu’on appelle du « e-fuel », Porsche sépare l’hydrogène de l’oxygène contenu dans l’eau grâce à une électrolyse. Elle « attrape » ensuite le CO2 dans l’air, le filtre, puis le mélange à l’hydrogène. On obtient alors du méthanol synthétique qui est ensuite transformé en carburant grâce à un processus développé par ExxonMobil, partenaire de Porsche dans cette aventure.

Maintenant, pourquoi le constructeur allemand a-t-il choisi le Chili, et plus particulièrement la région des Magallanes, pour implanter son usine ? La première étape du processus — l’électrolyse — nécessite beaucoup d’énergie. Comme la région est très venteuse (on parle de 270 jours de vent violent par an), les éoliennes pourront fonctionner à pleine capacité et fourniront à l’usine de quoi effectuer cette étape en utilisant une énergie renouvelable.

Vers un carburant plus propre, à toute vitesse. Le 20 décembre, Porsche a annoncé l’ouverture de l’usine au grand public. Le constructeur ambitionne de produire 130 000 litres de cet « e-fuel » d’ici la fin de l’année 2023, puis passer à 55 millions en 2025 et enfin à 550 millions en 2027. Alors que Porsche prévoit de vendre 80% de voitures électriques d’ici 2030 — dans sept ans, donc — pourquoi investit-elle dans un carburant destiné aux voitures thermiques ? Réponse : « Il y a actuellement plus de 1,3 milliard de véhicules équipés de moteurs à combustion dans le monde. Beaucoup d’entre eux seront sur les routes pendant des décennies encore, et les « e-fuel » offrent une alternative presque neutre en carbone », explique Michael Steiner, membre du directoire pour le développement et la recherche chez Porsche, dans un communiqué de presse. 

Mais ce carburant de synthèse pourra aussi permettre aux constructeurs comme Porsche de continuer à fabriquer et vendre des véhicules thermiques de luxe dans les années à venir, à savoir des modèles historiques qui ne peuvent pas être convertis à l’électrique. 

Production of this fuel would also make it possible for @Porsche and other performance carmakers to continue producing vehicles such as Porsche’s iconic 911 sports car with a traditional engine.https://t.co/ZTf24O7jZx@Siemens_Energy @TNTimesDrive

— prashant singh (@lparas69) December 21, 2022

Cette initiative apparait donc comme une solution bas carbone pour l’avenir, oui, mais pas forcément pour le porte-monnaie : « il y a tout de même un hic car le carburant synthétique coûte plus cher à fabriquer que l’essence fossile (pétrole) », écrit le site Motor1. Peu importe, Porsche a d’ores et déjà investi plus de 100 millions de dollars dans le développement et la production d’e-fuel et compte implanter d’autres usines, notamment aux États-Unis et en Australie. La vraie fin du thermique, ce n’est donc pas forcément pour demain.

Crédits photos : @Porsche