
Fin du match qui opposait les adeptes du flygskam et les défenseurs du droit universel à se déplacer par tous les moyens - y compris ceux qui sont polluants. Ce samedi 10 avril, le projet de loi visant à supprimer tout vol intérieur de moins de 2H30 en cas d'alternative en train a été définitivement voté. Et c'est un nouveau coup dans l'aile pour le secteur de l'aviation.
Cloués au sol. C’est ce qu’on appelle un dernier round, et il est décisif. Après plusieurs mois de débats, et sur proposition lors de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), les vols intérieurs français seront désormais sévèrement encadrés, de même que leurs émissions de Co2, jugées trop importantes. Même si l’on ne connaît pas encore le coût des éventuelles infractions, il n’en reste pas moins que les avions commerciaux ne seront désormais plus autorisés sur le sol français s’il existe une alternative en train pour tout voyage de moins de 2h30 (contre 4h00 initialement, comme le proposait la CCC). Et sans surprise, cette décision ne semble faire que des mécontents.
Les députés ont adopté hier soir le titre “se déplacer” de la #LoiClimat : nous engageons une transformation profonde du secteur aérien.
Favoriser le train ou d’autre moyens de transports collectifs pour les courtes distances : c’est du bon sens et un geste clé pour le climat. pic.twitter.com/QjAel1DVeT
— Députés LaREM (@LaREM_AN) April 11, 2021
Un bénéfice écologique contesté. À gauche, on dénonce un manque d’ambition. “Si l’on [avait retenu] la limite de quatre heures au lieu de deux et demie, on ferait baisser ces émissions de 33%“, explique la députée du Val-de-Marne Mathilde Panot. À droite, on s’insurge contre ce qui ressemble au démantèlement d’une filière industrielle employant des milliers de personnes. Quant à l’association UFC Que Choisir, elle déplore que le gain écologique de ladite mesure soit finalement plus symbolique que vraiment efficace : “l’effet ne serait que de 3% de réduction des émissions des vols intérieurs en France. Autant vous dire que ça ne changera rien à la situation climatique” expliquait à LCI Mathieu Escot, directeur adjoint en charge des études chez UFC. Un partout, balle au centre ?
#PJLClimatRésilience L’@UFCquechoisir demande aux parlementaires de donner de la substance à cette réforme et d’augmenter de 2h30 à 4h00 le seuil d’interdiction des #vols #intérieurs lorsqu’une alternative #ferroviaire existe
Nos demandes https://t.co/AsTAzK0hHw#LoiClimat #GES pic.twitter.com/HkzrUXd5kF
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) April 9, 2021
Qu’est-ce que cela change vraiment ? C’est in fine la question que tout le monde se pose. Dans le détail, seront impactées les lignes entre Paris et Nantes, Rennes, Bordeaux et Lyon (toutes inférieures à 2h00 en temps de vol), de même que la ligne Lyon-Marseille. Soit au total un petit 12% du trafic intérieur français. Sachant que les escales intérieures ne sont pas touchées par cette restriction (et qu’un Paris-Nantes-New York sera donc encore légal).
“En même temps”, comme disait l’autre, on rappellera à nos lecteurs que le gouvernement s’était engagé voilà un an à un prêt de 7 milliards d’euros à Air France-KLM en échange de ces abandons de lignes intérieures jugées trop polluantes. Moyennant quoi, l’État deviendra bientôt le premier actionnaire du groupe avec environ 30% du capital. Un drôle de signal envoyé aux défenseurs de la mobilité douce.