
Si l'innovation de Qian Wang et de l'équipe de l'université de Cambridge s'avère déclinable à grande échelle, le radiateur géant sur lequel nous vivons pourrait être progressivement baissé.
“La récolte d’énergie solaire pour convertir le CO2 en combustibles chimiques est une technologie prometteuse pour réduire les niveaux croissants de CO2 dans l’atmosphère et alléger la dépendance mondiale aux combustibles fossiles.” Ainsi débute l’article récemment publié par des chercheurs de la prestigieuse université de Cambridge dans la tout aussi respectée revue Nature. La suite est encore plus intéressante puisque l’équipe dirigée par le professeur Erwin Reisner annonce purement et simplement avoir créé une feuille de 20 cm² agissant comme un photocatalyseur. Tout cela n’est pas très clair ? Disons pour résumer que cette invention serait capable, par un principe de photosynthèse, de produire un carburant propre à partir de la lumière du soleil, de l’eau et du dioxyde de carbone, rejeté en masse dans l’atmosphère par les activités humaines.
A standalone device to convert sunlight, CO2, and water into fuel @Cambridge_Uni #Carbondioxide #Water #Fuel #researchhttps://t.co/vC211fNt7y
— Tech Explorist (@TechExplorist) August 25, 2020
Retour aux cours de physique. Si votre mémoire est bonne, le principe de la photosynthèse vous évoque forcément quelque chose. C’est ce même principe qui permet aux plantes de transformer la lumière en énergie nutritive. Par un principe d’addition (avec notamment l’eau, le CO2), ces végétaux parviennent à ingérer le gaz carbonique pour “recracher” l’oxygène propre que nous respirons et sans lequel, pour aller droit au but, rien ne serait possible. C’est en s’inspirant de ce processus naturel que l’équipe de Cambridge vient de dévoiler une feuille reproduisant le même mécanisme. Difficile de ne pas penser aux applications possibles à grande échelle puisque ce catalyseur permettrait de recycler les millions de tonnes de CO2 générées quotidiennement, et en grande partie responsables du réchauffement climatique.
Comme pour la photosynthèse, la feuille prototypée n’a besoin que de lumière solaire, de dioxyde de carbone (CO2) et d’eau. Aucune alimentation électrique n’est nécessaire. En termes de vertus écologiques, l’invention se pose là. De quoi permettre aux chercheurs d’affirmer que ce photocatalyseur est “sans fil”, c’est-à-dire utilisable sans alimentation autre que celles disponibles à l’état naturel.
Pour l’heure, le procédé n’a été testé (et validé) qu’en laboratoire, mais les chercheurs de Cambridge affirment qu’il est parfaitement envisageable de reproduire l’expérience puissance 1000, avec de vastes champs de feuilles de plusieurs mètres, à la manière des fermes solaires ou des parcs à éoliennes. Il est évidemment encore trop tôt pour espérer une date d’industrialisation de cette technique bio-mimétique mais comme chacun sait, il y a urgence. Selon l’association Respire, le dioxyde de carbone représente à lui seul 77% des émissions de gaz à effets de serre d’origine humaine (transport, chauffage, etc). Autant dire que ces feuilles permettraient de tourner la page, après deux siècles d’industrialisation irréfléchie.