
À la place, un projet de loi vise à forcer les Français à préférer les trains de la SNCF dès que l'avion ne fait pas gagner au moins 2h30.
Détachez vos ceintures. La Loi d’orientation des mobilités (LOM) a reçu de nombreuses propositions d’amendement des parlementaires visant à décarboner nos déplacements. Le plus efficace dans ce domaine – et celui qui fait le plus parler – émane du député François Ruffin qui souhaite bloquer les avions au sol au profit du rail. Ce projet de loi propose d’interdire définitivement tout vol intérieur s’il ne fait pas gagner au moins 2h30 sur le même trajet en train.
A 15h je présenterai à l’Assemblée ma proposition de loi sur l’interdiction des lignes aériennes intérieures substituables en train. Pour la justice climatique, il nous faut agir, et agir vite. A suivre en direct sur Facebook. pic.twitter.com/SARqRw47ZS
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) June 3, 2019
Son argument est aussi prévisible qu’imparable : « Un aller-retour Paris-Marseille en avion émet 195 kg de CO2 par passager. Ce même aller-retour effectué en TGV en émet 4,14, soit près de 50 fois moins. » Respirez à fond car ce chiffre peut encore empirer selon la compagnie choisie. Ryanair par exemple est entré dans le top 10 des pires pollueurs d’Europe devant la centrale à charbon de Kozienice en Pologne !
Ceux qui l’aiment prendront le train. Si la mesure est défendue par les écologistes dont l’ancienne ministre Delphine Batho, et vient s’ajouter au souhait de taxer le kérosène et les billets des passagers, il reste des points à préciser. Le ministre de la Transition François de Rugy constate que les deux heures et demi de dépassement signifient que tout voyage en train de moins cinq heures est compétitif… Donc pratiquement tous les trains de France, une fois mis en correspondance. Autre point : comment organiser les vols en transits si l’on interdit les vols intérieurs ? Vous vous posez à Nice et prenez un train pour Charles de Gaule ? D’ailleurs, la SNCF qui supprime déjà des lignes a-t-elle les moyens d’absorber ce surplus de voyageurs ?
De leur côté, les avionneurs rappellent que les émissions des avions baissent d’1,5 % par an et que plus de trains signifie plus de rails et de gares alors que les aéroports, eux, sont déjà là. Seule certitude, après la Suède ou les interdictions votées par les Pays-Bas, la honte de voler touche aussi les Français.