
Les travaux d’extension prévoient pratiquement de tripler la surface disponible d'ici 2024 afin d'accueillir 900 000 voyageurs par jour.
Mot compte triple. Le projet StatioNord présenté par les architectes Valode & Pistre a de quoi faire rouler les yeux (avant les trains ) : remanier un bâtiment vieux d’un siècle et demi pour y ajouter 88 000 m² (le triple d’aujourd’hui), tout ça dans le but de faciliter la circulation des voyageurs en copiant le modèle des aéroports, c’est maintenant du concret. La gare du Nord ne séparera plus seulement grandes lignes et dessertes régionales, mais départs et arrivées.
Au total, le centre s’étendra sur 124 000 m² et accueillera aussi des bureaux, 10 000 m² de commerces et un parking réaménagé pour recevoir 2000 vélos. Le toit de cet édifice gigantesque sera entièrement végétalisé en parc pour que les Parisiens puissent s’y promener. Le tout devrait être terminé pour les Jeux Olympiques de 2024 – une partie sera même prête dès la Coupe du monde de rugby de 2023. Les raisons de ce chantier pharaonique qui vient de recevoir l’aval de la Préfecture de Paris ? La gare du Nord déborde.
Bonder. Depuis qu’elle accueille les liaisons internationales Eurostar (Grande-Bretagne) et Thalys (Belgique et Pays-Bas), sa fréquentation n’a fait qu’exploser. Aux heures de pointes, on peut croiser plus de 14 000 voyageurs sur l’étage des « grandes lignes » et 10 fois plus à l’étage RER et métro. Or cette fréquentation quotidienne va augmenter d’un tiers d’ici dix ans pour atteindre 900 000 personnes. SNCF envisage même 300 millions de passagers annuels à la fin de la décennie. Pourtant ce projet ne plaît pas à tout le monde.
Terrible mépris de la part du gouvernement envers les Parisiens – en particulier les habitants du 10e – qui ont clairement affirmé leur opposition au projet actuel lors des élections municipales. #GareDuNord #Paris #Paris10 https://t.co/QQyka3UCTQ
— Rémi Féraud (@RemiFeraud) July 7, 2020
Peur sur la ville. Plusieurs grands architectes, dont Jean Nouvel, craignent que la nouvelle gare du Nord ne détériore le patrimoine architectural du vieux Paris. La Mairie, elle, s’est dit « favorable » à cette rénovation mais « extrêmement critique à l’égard du projet » réclamant divers aménagements dont une augmentation des stationnements vélo. Le coût de 600 millions d’euros et les retards des chantiers parisiens font craindre à d’autres de ne jamais en voir la fin. Plus parlant que les travaux de Notre-Dame, la gare du Nord devient un symbole d’une époque où la mobilité s’invite et redéfinit nos villes dont on n’a pas fini de parler.