
Depuis 2020, le rétrofit est l’une des solutions les plus écologiques et économiques pour passer à une mobilité plus propre. Aujourd’hui, pour nous en parler, voici Wadie Maaninou, cofondateur de Phoenix Mobility, entreprise spécialisée dans le rétrofit de flottes professionnelles de véhicules utilitaires.
Tout d’abord, Wadie, vous qui connaissez le rétrofit sur le bout des doigts avec votre entreprise, pourriez-vous-nous expliquer en quelques mots ce que c’est ?
Le rétrofit, c’est un procédé de conversion d’un véhicule thermique en électrique ou à l’hydrogène. Elle consiste donc à changer la motorisation du véhicule. Il faut savoir que cela n’a rien de nouveau car cela existait depuis une dizaine d’années ailleurs qu’en France.
Quelles différences y a-t-il entre le rétrofit qui s’est développé à l’étranger et celui que l’on voit fleurir en France aujourd’hui ?
Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, un peu aux Pays-Bas et en Allemagne, il y avait des garages spécialisés dans le rétrofit, mais surtout de véhicules vintage. Aujourd’hui en France, depuis la nouvelle réglementation parue en avril 2020 [avec la Loi d’Orientation des Mobilités, Ndr), le spectre de véhicules rétrofités est beaucoup plus large.
“Convertir un véhicule électrique est deux à trois fois moins cher que d’acheter un véhicule électrique.”
La réglementation a donc joué un rôle de tremplin ?
Nous sommes le premier pays à avoir mis un cadre réglementaire et un cadre technique qui permet d’homologuer des véhicules rétrofités. Cela change la donne car ce cadre permet d’homologuer en série sans avoir l’accord du constructeur. Il s’agit d’une industrialisation de cette filière.
Dans quel cadre se passe cette industrialisation ?
La nouvelle réglementation française précise que l’homologation de véhicules retrofités peut se faire en série. Le « rétrofiteur » développe des kits de conversion subissant des tests d’homologation assez exigeants en terme de sécurité. Une fois que ces tests sont passés, on obtient un agrément permettant de le commercialiser pour un modèle spécifique.
“Techniquement, on peut convertir tout type de véhicule”.
Pourquoi privilégier le rétrofit plutôt que l’achat d’un véhicule neuf ?
Il y a deux avantages importants. Le premier est économique, convertir un véhicule électrique est deux à trois fois moins cher que d’acheter un véhicule électrique. Avec cette solution, on peut avoir des véhicules propres à moindre coût. Sur la gamme utilitaire sur laquelle nous travaillons, un électrique neuf vaut autour de 35 000 euros alors qu’avec le rétrofit, cela coûte 15 000 euros avec les aides gouvernementales.
L’autre argument est environnemental. En convertissant un véhicule à l’électrique, on évite la production d’un nouveau véhicule et on économise 50 % de CO2 lié à la production de véhicule.
En France, les VUL sont responsables de près de 20% des émissions de CO2 liées au secteur des transports !
Notre solution: convertir les véhicules utilitaires à l’électrique pour diminuer leurs émissions de GES ♻️https://t.co/8CM4OyYG8O#transitionenergetique #ges #retrofit
— Phoenix Mobility (@MobilityPhoenix) May 7, 2021
En parlant d’économie circulaire, une fois que les moteurs électriques sont installés, que deviennent les anciens ?
Les anciens moteurs fonctionnels vont pouvoir être revalorisés et réutilisés ou démontés en pièces détachées. S’ils sont en moins bon état, ils seront recyclés.
Est-il possible de convertir tous les véhicules à l’électrique?
Techniquement, on peut convertir tout type de véhicule. Mais pour le moment le stock de véhicules rétrofitables est réduit à une petite catégorie. Il faut que cela soit à la fois pertinent économiquement pour le client et l’entreprise et surtout qu’il y ait une possibilité d’avoir une bonne autonomie.
Au niveau de l’autonomie, le rétrofit garantit-il quelque chose de suffisant ?
C’est indéniable, le passage à l’électrique réduit l’autonomie. On va avoir besoin de recharger son véhicule plus souvent que si l’on devait faire le plein. Aujourd’hui, nous proposons à tous les véhicules que nous convertissons une autonomie standard de 200 kilomètres. Il s’agit de permettre par exemple aux livreurs dits “du dernier kilomètre” de finir leur parcours en ville. Pour les utilitaires, nous devons réussir à trouver le bon équilibre entre l’autonomie et la puissance de charge en s’appuyant sur la charge rapide.
Pour conclure, le rétrofit est-il pour l’heure plus intéressant pour les véhicules professionnels ?
Les flottes professionnelles correspondent aux véhicules qui vont être impactés le plus rapidement par les interdictions de circulation qui vont se mettre en place. Il faut apporter une réponse rapide à leur problématique. Pour les particuliers, l’impact est à la limite moins pressant en zone urbaine puisque des alternatives existent comme les transports en commun ou les moyens de mobilité douce.
Retrouvez toutes les informations sur Phoenix Mobility sur leur site web.