
Face aux difficultés d’approvisionnement dans les stations-service, certains automobilistes peuvent se retrouver avec un réservoir vide, et très peu, voire aucune solution pour faire le plein. Dans ce cas, est-il possible de justifier son absence au travail ?
70 % des Français pénalisés par la pénurie. Le mardi 11 octobre, plusieurs syndicats chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil ont décidé de poursuivre la grève en cours, qui engendre des difficultés d’approvisionnement — le 9 octobre, le ministère de la Transition énergétique indiquait que 29,7% des stations-service du pays manquaient d’au moins un carburant. Une situation qui complique la vie quotidienne des Français, qui créé des tensions et des violences et qui amène à se poser plusieurs questions, dont celle-ci : que se passe t-il si je ne peux pas me rendre au travail à cause des pénuries de carburant ? Pour rappel, sept Français sur 10 se rendent au travail en voiture, selon l’INSEE, même si 42% des trajets font moins d’un kilomètre.
Comme on peut le lire sur Les Échos et FranceInfo, aucune loi n’encadre ce cas de figure. C’est-à-dire que si un employé ne vient pas travailler, il ne sera pas rémunéré. Ceci étant dit, « ne pas pouvoir venir au travail à cause d’une pénurie de carburant n’est en aucun cas sanctionnable car ce n’est pas une faute en soi. À partir du moment où l’employé justifie son absence, il n’y a pas de problème », explique Camille Pradel, avocat associé du droit du travail, aux Échos. Le salarié peut prendre en photo la jauge de carburant de son véhicule, prouver que les stations-service près du domicile sont toutes en rupture de stock, etc. Mais dans les faits, ce n’est pas si facile de tout mettre sur le dos de la pénurie, notamment quand d’autres solutions sont envisageables.
Devenir flexible. En cas de problème de mobilité, l’employé et le salarié peuvent alors entamer un dialogue. Si le salarié est absent, il peut prendre des jours de congés payés par exemple ou récupérer ses heures plus tard. Autre solution, le télétravail — quand cela est possible — qui permet d’éviter les déplacements domicile-travail. « Seul le “cas de force majeure” peut éventuellement permettre de suspendre un contrat de travail sans aucune sanction, mais dans ce cas-là, il faut que le salarié prouve que le manque de carburant est insurmontable, et donc qu’il n’a pas accès à des transports en commun ou à du covoiturage », peut-on lire sur FranceInfo. Or un cas de force majeure doit être imprévisible et irrésistible, ce qui ne s’applique pas à cette pénurie. Si l’employé habite en ville ou près d’une zone où les transports en commun sont accessibles et bien desservis, « il sera encouragé à les emprunter », dixit Les Échos.
Eviter le coup de la panne (d’essence). En résumé, si d’autres options s’offrent à vous (transports en commun, covoiturage, vélo, etc.), justifier son absence en invoquant uniquement la pénurie de carburant ne pourra pas — dans la grande majorité des cas — être un motif suffisant. Surtout si la grève dure depuis plusieurs jours : en théorie, vous avez eu le temps de vous organiser pour trouver une solution. « L’idée est de dialoguer en bonne intelligence entre les deux parties », résume Camille Pradel.
En revanche, si la grève continue, pensez déjà à prendre vos précautions et à prévenir votre employeur ; le plus drôle étant qu’il se pourrait qu’il ou elle soit dans la même situation que vous.