
Ami(e)s amaxophobes, bonne nouvelle pour vous. Si vous aussi vous êtes touché(e) par la mystérieuse peur en voiture, tout n’est pas perdu.
Amaxophobie. Soit la “peur de conduire” ou de se retrouver au volant d’une voiture. Ce curieux mal, qui dit rarement son nom, n’a pourtant rien d’agréable. C’est une anxiété qui vous saisit à la seule idée de conduire et peut littéralement virer à la panique au détour d’un démarrage en côte ou au moment d’entrer sur l’autoroute. Derrière, il y a généralement cette crainte récurrente : être la victime ou le responsable d’un accident…
Antoine Pelissolo, professeur de psychiatrie à l’Inserm, et auteur de l’ouvrage Vous êtes votre meilleur psy ! s’est penché sérieusement sur ce drame qui n’épargne personne. « Cette phobie peut toucher des personnes ayant conduit normalement pendant assez longtemps et qui développent une peur de conduire à la suite d’un accident. Mais il y a également de bons conducteurs qui voient apparaître une phobie de la conduite à un moment de leur vie sans raison précise, et ceci est alors assez mystérieux. »
Thérapie comportementale et cognitive. Et lorsqu’on est touché par le mystère, on fait quoi docteur ? Antoine Pelissolo recommande d’observer nos sensations, de noter tous les symptômes qui touchent les jambes, les bras, le cœur, la respiration et même l’équilibre. Et de se relaxer. Si c’est trop difficile à appréhender seul, il convient de se tourner vers des spécialistes en mesure de proposer des exercices de respiration et de relaxation des muscles. Les résultats, note le professeur, sont généralement bons : « Il s’agit des méthodes que nous utilisons dans les thérapies comportementales et cognitives pour les personnes souffrant de phobies très handicapantes. Elles nécessitent un apprentissage progressif, et permettent d’obtenir alors de bons résultats chez environ 50 à 70% [d’entre eux]. »
Idées reçues. À l’instar de ce que l’on peut retrouver dans les méthodes pour arrêter de fumer ou calmer sa peur de l’avion, il existe une approche sans divan ni médicament pour vaincre sa phobie et reprendre confiance en soi « en combattant les idées négatives parfois ancrées depuis de nombreuses années, plus ou moins consciemment. Comme “Je ne pourrai jamais conduire vite”, “Les autoroutes sont dangereuses”, “Je ne suis pas un bon conducteur”, etc. »
“Pour que la peur s’éteigne au fur et à mesure, il faut se confronter progressivement, longtemps et souvent, en faisant des trajets de plus en plus longs”
Mais, après avoir repéré ces idées fausses, le meilleur traitement reste de se mettre en situation de conduite. « Pour que la peur s’éteigne au fur et à mesure, il faut se confronter progressivement, longtemps et souvent, en faisant des trajets de plus en plus longs, ce qui permet à l’organisme d’apprendre que l’on maîtrise la situation et qu’il n’y a donc pas à déclencher la réaction d’alerte que constitue la peur voire la panique. » Autrement dit, si vous souffrez de ce mal, rien n’est perdu, au contraire.
Chacun de son côté du volant. Dernier argument dans ce sens, les progrès opérés par les constructeurs automobiles en matière de sécurité et de confort sont autant de béquilles pour vaincre cette phobie. Et là encore, si ce n’est pas assez, il reste une option comme le souligne justement Antoine Pelissolo : « Pour les personnes souffrant de phobies sérieuses, il peut être intéressant de se servir de simulateurs de conduite, comme il en existe dans les auto-écoles ou chez certains thérapeutes. Ceci permet en effet de se réhabituer à la conduite en toute sécurité et dans des conditions variées (simulation d’autoroutes, de ponts, d’intempéries, etc.), avant de passer aux situations réelles. »
Bonne nouvelle, si à ce stade vous n’y arrivez toujours pas, il ne vous reste plus qu’à attendre l’arrivée des voitures autonomes qui ne devrait plus tarder…