
Être enfermé chez soi ne doit pas empêcher de pouvoir accéder aux informations, à la culture et conserver une vie sociale. C’est la mission que se sont fixée les bibliothécaires américains.
White zone. Chargée de surveiller les réseaux télécoms des 50 États, la Commission fédérale des communications américaine (FCC) a publié un compte rendu en 2019 dévoilant que 21,3 millions de ses citoyens n’avaient pas d’accès à internet. Depuis, ses projections ont été remises en question et on estime que la « zone blanche » touche deux fois plus de monde. Ce qui pose déjà problème au quotidien devient une grave fracture en période de crise : l’épidémie nécessite de s’informer et suivre les actualités, le confinement oblige au télétravail et à s’occuper chez soi. Alors, pour que chacun puisse bénéficier d’une connexion, des héros inattendus sont montés au créneau. Non, pas les Avengers, mais les bibliothécaires.
Culture fermée pendant la crise. Il faut dire qu’en plus d’assurer que chaque Américain puisse avoir accès aux journaux et à de l’information fiable (Le saviez-vous ? C’est avec des livres qu’on s’instruisait avant Google et Wikipédia !), les bibliothèques fournissent gratuitement une connexion internet. Elles sont donc devenues le point de chute logique de ceux qui en sont privés chez eux, pour faire leurs démarches en ligne et répondre aux mails. Problème : ces établissements publics sont désormais fermés au public pour la durée du confinement. « Fermées, oui, mais…, se sont dit les bibliothécaires de l’American Library Association (ALA). On pourrait quand même laisser le Wi-Fi à large bande allumé pour alimenter les alentours, non ? »
From Books to Box. Les rats de bibliothèque de l’ALA ont donc soumis l’idée aux juristes de la FCC qui a répondu positivement. La commission a temporairement fait entorse à une règle visant à assurer une saine concurrence entre les fournisseurs d’accès.
Les 16 557 bibliothèques publiques d’Amérique émettent désormais à longue distance et non plus seulement en leurs murs.
Et pour ceux qui sont trop loin ? Les Avengers du livre n’avaient pas dit leur dernier mot. Les bibliobus dépendant des bibliothèques, ils tombent sous la même dérogation, ce qui autorise aussi les 124 000 écoles du pays à diffuser. Ne restait donc plus qu’à équiper les « schoolbus » et « bookmobiles » d’un émetteur et d’une box pour permettre par exemple aux élèves et étudiants de continuer à travailler de chez eux. Seul défaut : cette solution incite à sortir de son domicile pour aller se rapprocher du bus-antenne. Tant que les portières restent fermées, chaque voiture devient un cybercafé individuel.