
La transition vers la mobilité électrique est en marche aux Pays-Bas, déjà partis en guerre contre les voitures polluantes.
10 ans pour agir. On le sait, il ne suffit pas de grandes déclarations politiques pour faire avancer une nation, ni de dire « on interdit la vente sur le territoire des véhicules à moteur thermique d’ici 2030 » pour que, comme par magie, la transition se fasse. Le cas de la Hollande, à l’inverse, peut désormais servir d’exemple.
Le pays prévoit donc l’installation d’une borne de recharge tous les 25 kilomètres.
En février 2019, la part des voitures électriques aux Pays-Bas n’était que de 2,3%, soit un peu plus de 200 000 véhicules sur un total estimé à 8,8 millions de voitures dans le pays. Pour inciter plus de conducteurs à opter pour une électrique, le gouvernement est en train de mettre en place des avantages : bonus à l’achat (jusqu’à 6000 euros en 2021 puis 400 euros de moins par an pour atteindre 2200 euros en 2030), pas de frais de péages, une aide financière pour installer une borne de recharge chez soi ou encore l’utilisation des voies de bus pour se déplacer.
Installer plus de bornes. Le cas d’Amsterdam est particulièrement ambitieux. Le 2 mai 2019, elle a annoncé qu’en 2030, les seules voitures et motos autorisées à circuler dans la ville devront être à l’électricité ou à hydrogène, afin de réduire la pollution de l’air. Elle compte également interdire les bus, les bateaux et les deux-roues qui polluent dès 2022. Mais pour rendre ce projet viable, il y a besoin d’un plus grand nombre de stations de recharge. Amsterdam en compterait environ 3000 et il en faudrait, selon Libération, 16 000 à 23 000. C’est beaucoup, puisque le pays entier possède 42 000 bornes soit, selon le site Automobile Propre, un quart de toutes les bornes installées en Europe. Avec les sociétés comme New Motion, Allego et Fastned, les Néerlandais peuvent compter sur trois des plus importants fournisseurs européens de services de recharge. Le pays prévoit donc l’installation d’une borne de recharge tous les 25 kilomètres.
Les grandes entreprises sont aussi invitées à contribuer. La Banque ABN AMRO ne compte fournir que des voitures électriques à ses employés et Triodos (une banque également) projette la construction du plus grand parc de recharge solaire : 3253 m² de panneaux photovoltaïques qui alimenteront 120 bornes de recharge. La transition peut démarrer avec les sociétés, les transports en commun et les taxis pour ensuite s’élargir aux véhicules privés.
Fournir des aides. Les Pays-Bas ont à ce titre tout intérêt à regarder l’exemple de l’Estonie, où les aides du gouvernement ont permis la mise en place d’un réseau électrique à travers le pays (1 borne tous les 60 kilomètres). Les avantages pour les automobilistes étaient nombreux : aide à l’achat pouvant aller jusqu’à 17 000 euros, stationnement gratuit et utilisation des voies de bus. Mais la fin du soutien de l’État en 2015 a stoppé la progression du pays vers le tout électrique. Le bilan est donc simple : pour convaincre les conducteurs, il faut des aides conséquentes et un réseau de bornes digne de ce nom. Sans quoi, la transition électrique sera plus compliquée que ce qu’on veut nous fait croire.