
Eon-1 consommera un carburant durable et filera à Mach 1,9 sans faire le moindre bruit. Enfin c’est ce que croit son constructeur, mais on reste un peu plus sur Terre que lui…
Y a pas que le Concorde qui se crash. En mai dernier, le projet de supersonique le plus abouti a ce jour, l’AS2 d’Aerion qui était en développement depuis 17 ans et co-financé par les piliers du secteur de l’aviation privée (Boeing et Lockheed-Martin) était abandonné. Un sacré choc pour le secteur déjà entamé par la pandémie mondiale. Mais aujourd’hui, tout va mieux à en croire le communiqué de presse de LEAP Aerospace : alors que personne ne la connaît, cette société américaine annonce l’ouverture des préventes de son propre supersonique à ailes delta dès 2022.
"Tech Mogul Priven Reddy, launches Leap Aerospace to connect the world faster" https://t.co/ScLFvy4u89
— AVIATOR (@aviator_aero) August 26, 2021
Rapide / Silencieux / Propre… Le communiqué de presse aligne tous les éléments qui font rêver : l’Eon-1 pourrait voler à 60 000 pieds, atteindre MACH 1,9 (pratiquement 2 fois la vitesse du son) et tout ça sans polluer. En effet, l’appareil à décollage vertical (VTOL) est annoncé comme hybride : il utilise un moteur électrique en vol et des turbines consommant un biocarburant pour les décollages et atterrissages.
Son créateur est un homme d’affaire d’Afrique du Sud, Priven Reddy, qui estime que les voyageurs en ont « marre d’attendre ». De fait, à Mach 1,9, la distance entre New York et Londres ou Paris sera franchie en 3 petites heures. Seul, bémol, l’Eon-1 ne comptera que 65 à 88 places selon les configurations, ce qui est loin des avions de lignes d’aujourd’hui. Mais qui veut encore prendre l’avion de nos jours ?
Aucun prix n’est encore indiqué mais l’envol est promis pour 2029. Ce qui nous inquiète plus, c’est qu’au milieu de tous les VTOL annoncés, et des véritables prouesses que réalisent les avionneurs travaillant à électrifier le secteur, il n’y a aucune équipe derrière LEAP Aerospace pour démontrer toutes ces promesses.
Ça plane pour moi. La startup (installée au Delaware, célèbre paradis fiscal) affirme par exemple qu’elle supprimera le « boum » du mur du son pour conserver un vol silencieux et que son avion sera équipé d’un mécanisme d’atterrissage intelligent qui atterrira en sécurité « en cas de panne ou de dysfonctionnement du moteur ».
Si l’on comprend qu’il faut bien des investisseurs pour décoller, on suggérera à Mr Reddy un meilleur projet s’il veut booster l’aéronautique : commencez par investir dans les biocarburants de synthèse qu’il compte utiliser, car ils seront obligatoires dès 2050.