
Deux journalistes ont recensé des œuvres artistiques anciennes qui présentent déjà la capitale très encombrée, trois siècles avant l'élection d'Anne Hidalgo.
En 1666, le poète Nicolas Boileau ironise sur Les embarras de Paris. Vous pensez aux rats ou aux crues de la Seine ? Que nenni, les Satires de Boileau évoquent les bouchons des charrettes : « Vingt carrosses bientôt arrivant à la file ; Y sont en moins de rien suivis de plus de mille », écrit-il en vers. Bref, si dans le stand-up on ironise sur le prix de l’immobilier depuis 20 ans, il y a des siècles que les artistes se moquent des embouteillages à Paris.
"Crise du logement, crise du chauffage, crise des transports… Tout le monde gémit et tout le monde danse. Expliquez cela comme vous pourrez !" #Paris pic.twitter.com/H4wf1gWCzu
— Louis Moulin (@louismoulin) November 6, 2018
C’est l’un des exemples d’œuvres qu’exhume le livre Paris démasqué !, des journalistes Quentin Girard et Louis Moulin. On y découvre par exemple une gravure de Nicolas Guérard datant de 1720 où s’entassent fiacres et différents transporteurs dont des carrioles et chaises à porteurs. L’équivalent de nos camionnettes UPS et taxis finalement. Ce qui laisse penser que si le 18e siècle est celui des Lumières, cela devait aussi être celui des feux stop et des appels de phares mécontents.
Grâce à ces artistes, Paris était devenue capitale des bouchons. Les dessinateurs de presse n’ont fait qu’entretenir la légende pendant des siècles. Quitte à lorgner sur le passé, Slate pose même la question : « Peut-on imaginer qu’à la place du centre Pompidou, sur le plateau Beaubourg […] s’étalait un immense parking ? » Et tout cela sans que les lignes de transports en commun soient en grève ou en panne, ni que les limitations de vitesse ou vignette Crit’air empêchent de rouler librement.
Alors, peut-être faut-il se dire que le problème n’est pas structurel mais culturel, et s’y faire ? On sourira d’ailleurs en apprenant que le tout premier Mondial de l’automobile (alors appelé exposition internationale) en 1898 a rassemblé 300 inventions dont certaines déjà électriques ou à vapeurs, sous les regards de 14 000 curieux. Qui étaient venus sans encombre… à pied.