
Des retraités américains ont décidé de profiter de la vie jusqu’à la dernière goutte. Moralité, ils ne rentrent pratiquement plus chez eux et vivent la majorité de l’année sur des paquebots.
A la dérive. En 2017, Cruise Critic, un magazine dédié aux croisières, sollicitait ses lecteurs pour savoir s’ils aimaient assez ces traversées en paquebot pour en faire le lieu principal de leur retraite. Bilan : 59 % des sondés répondaient positivement à cette idée et 27 % de plus étaient prêts à y réfléchir sérieusement en fonction des prix. Cinq ans plus tard, certains ont fait leur choix.
Le Wonder of the Seas est un monstre des mers dédié à l’indolence et au plaisir de ses 6988 passagers. Parmi eux, Rita Deitchman venue ici faire… sa 196e croisière. Autre mer, autre pont : à 66 ans, Mme Muller a déjà 115 croisières à son actif. M. Shumard, 69 ans, a lui déménagé après sa retraite pour un appartement plus petit et plus proche des côtes afin de partir plus souvent. De son propre aveu, rapporté par Courrier International, l’objectif est de passer son temps assis sur une chaise longue à regarder l’océan défiler…
🇺🇸 Dans ce reportage, “The New York Times” est allé à la rencontre d’une poignée de retraités américains qui enchaînent les croisières à bord de géants des mers. Des “fanatiques” que ni la crise climatique ni la pandémie ne semblent refroidir. https://t.co/dkRlYmjpKA
— Courrier inter (@courrierinter) May 8, 2022
Croisièremania. Le président du croisiériste Royal Caribbean International reconnaît que si la plupart de ses clients embarque pour une semaine de vacances, « il n’est pas rare que certains cherchent à vivre sur le bateau ». C’est ce que relate le New York Times dans une enquête sur ce phénomène. On y découvre des touristes accros, réservant une croisière à la suite d’une autre, en essayant de ne plus vivre à terre. L’une confie ne rentrer que pour s’occuper de son linge et « régler des affaires », courriers, factures, banque… Une autre a réservé trois croisières d’un seul coup lorsque le protocole Covid l’a permis, enchaînant 143 nuits en mer. La destination ne compte plus, la croisière est « une deuxième maison ».
Mais pourquoi ? Toutes les personnes interrogées évoquent les conditions à bord, le fait d’être choyé, d’avoir de l’attention. « J’aime rencontrer des gens, sociabiliser » résume Rita Deitchman. Doit-on prendre cela comme un constat sur notre époque, décrivant le manque de rapports humains ressentis par cette génération ? Peut être, mais il y a aussi un revers économique à l’affaire. Car même si les billets sont coûteux (700€ par jour en moyenne) le train de vie de luxe à bord est meilleur marché qu’à terre.
Les groupes de croisiéristes ont tout intérêt à conserver un fond de clients récurrents, ce pourquoi ils pratiquent des programmes de fidélité conséquents, dépendant du nombre de jours en mer. Plus vous voguez, moins vous payez cher les chambres, les repas etc. D’autres compagnies pratiquent des forfaits all inclusive, avec repas et alcool à volonté…
Costa Croisières se montre confiante pour la saison à venir, tandis que le marché se redresse progressivement 🛳
👉 https://t.co/BHaIZ8yXcW#CostaCroisieres— L'Echo Touristique (@echotouristique) May 19, 2022
Naufrage climatique. Le résultat de ces politiques est sans équivoque : les réservations pour le second semestre 2022 sont en hausse de 37 % par rapport à l’année 2019 selon l’agence Cruise Planners. Depuis que la pandémie a permis à ces palaces flottants de reprendre la mer, 6 millions de personne ont embarqué ; essentiellement des Américains. On serait tenté de leur rappeler l’urgence climatique ; mais quand on est en mer 24/24, le quotidien semble reprendre le dessus. L’un des résidents a d’ailleurs été félicité par la Royal Caribbean pour avoir passé plus de 9500 nuits dans les cabines de cette seule compagnie.