
Un périple qui l’a fait traverser les États-Unis du Nord au Sud pour réclamer le droit aux handicapés d’accéder à toutes les compétitions sportives en extérieur.
Couché, mais pas touché. Le Tour Divide est l’une des courses de VTT les plus sacrées d’Amérique. Chaque année en juin, les ultra-cyclistes s’élancent du Montana, à la frontière canadienne, et descendent le long des Rocheuses jusqu’au sud du Nouveau-Mexique, soit 4418 kilomètres de cailloux, poussières, dénivelés, et tout cela sans étape. Les participants bivouaquent là où ils veulent avec le matériel et nourriture qu’ils ont emporté. C’est cette aventure qu’a vécu l’Américaine Quinn Brett, malgré son handicap.
Athlète accomplie, Quinn Brett est devenue paraplégique. Sur la base de l'accident, l'Américaine s'est forgée un corps nouveau. En juin, elle a bouclé les 4 400 km du Tour Divide sur un tricycle à assistance électrique. Elle explique le sens de son périple https://t.co/68coSn1Frr pic.twitter.com/AVaiIE3bGh
— L'ÉQUIPE (@lequipe) January 14, 2022
Athlète accomplie, elle a longtemps pratiqué l’escalade, le triathlon et l’ultra-endurance. Mais depuis 4 ans, Quinn est bloquée dans un fauteuil roulant : elle escaladait la mythique falaise d’El Capitan en Californie et a chuté. Le choc a paralysé ses deux jambes. Son mental a tenu bon, et elle a appréhendé ce traumatisme comme un renouveau : « Le processus de guérison a consisté à retrouver ces caractéristiques sous une nouvelle forme » raconte-elle à L’Equipe. Et munie ce nouveau corps, elle s’est lancée dans de nouvelles pratiques; dont le cyclisme couché.
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Tête la première. Grâce aux dons de ses amis et de la fondation High Fives, elle a pu acquérir un tricycle à assistance électrique. Un handtrike sur lequel Quinn est mi-à genoux mi-couchée et pédale avec ses bras. Ainsi juchée, Miss Brett et son acolyte (valide, en vélo) ont donc pédalé près de 160 kilomètres par jour pendant 25 jours. Le vainqueur de l’édition 2021 l’a remporté en 14 jours pour comparaison.
Quinn dit avoir souffert de contractures et de crampes des épaules et du cou, mais elle a tenu à limiter l’assistance électrique à son niveau au plus bas. Le courant n’était là que pour l’aider à gravir les côtes. Ce qu’elle cherchait dans cette aventure, c’était à retrouver « la sensation du visage en sueur, le fait de sentir ses jambes douloureuses et ses poumons en feu ». Et tout le monde devrait avoir le droit de ressentir ça.
Le droit de transpirer. Pendant les presque 4 semaines de son aventure, elle aura tenu une collecte en ligne qui a été reversée à l’association Kelly Brush dont elle est devenue la porte-parole. Leur combat ? Obtenir que les personnes à mobilité réduite puisse accéder et participer aux événements sportifs qui se tiennent en pleine nature.
Elle a raison : pourquoi faire le différence ? Avoir mis une dizaine de jours de plus que le vainqueur rend-il son exploit moins important ? « Il est important pour moi individuellement de retrouver mon amour-propre mais aussi de le faire rayonner vers l’extérieur » déclare-t-elle. Elle espère désormais que ses compétitions vont aider le monde du sport à mieux accepter celui du handicap. La prochaine, ce sera la Baja Divide : 2736 kilomètres de sentiers poussiéreux et caillouteux au Mexique sous le soleil. A coeur vaillant, rien d’impossible.
Crédit photo de Une : americanalpineclub
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