
La municipalité norvégienne travaille à interdire la circulation de son centre-ville à toutes les voitures d’ici 2020. Bientôt, il n’y aura plus que des bus et des vélos.
Échapper au pot d’échappement. La Norvège s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 95% d’ici 2030. Le zèle d’Oslo dans ce domaine lui a valu le titre de « capitale verte 2019 », donc ambassadrice officielle de la transition écologique en Europe.
On ne peut plus simple, son plan consiste à démotiver les automobilistes pour les chasser du centre-ville où ils prennent « une place disproportionnée » selon la responsable du développement, Hanna Marcussen. Il est par exemple impossible d’accéder à l’hôtel de ville en voiture depuis juin dernier.
Dissuasif. Parmi les autres mesures, la suppression de 700 places de stationnement, obligeant à se garer plus loin, la conversion de rue en zones piétonnes et la création de zones à faibles émissions (ZFE, interdisant la circulation à certaines heures) pour décourager la traversée du centre-ville et enfin la hausse des prix des péages urbains. Sur le plan, il ne restera bientôt qu’une zone de 1,9 km² où l’on pourra circuler. Ne vous offusquez pas : à l’origine, la ville souhaitait carrément passer à zéro voiture dès 2019.
« En 2020, on aura supprimé l’essentiel des voitures particulières du centre-ville, triomphait Hanna Marcussen. En-dehors de celles pour handicapés, il n’y en aura plus. »
Adieu, bagnole. Surprenant vu d’ici mais même les véhicules électriques sont visés. « Il faut rendre la ville aux gens, se justifie Marcussen, que les enfants puissent jouer en sécurité, que les personnes âgées aient des bancs où s’asseoir. » C’est bien la voiture qui est visée et pas seulement ses gaz d’échappement.
Du trafic en moins, c’est de la ville en plus. Les terrasses des cafés et resto s’élargissent, le mobilier urbain fleurit, et la ville s’équipe de nouvelles stations pour emprunter ou garer ses vélos. Conversion toujours, 6 km de routes seront remplacés dans les années à venir par des pistes cyclables.
Coup de froid. On imagine mal les artisans et livreurs à vélo. Mais les principales critiques des Norvégiens visent surtout les transports en communs. À 6 euros le ticket en moyenne, dur de s’enthousiasmer. D’autant que la ligne de Gjøvik qui arrive du nord-est d’Oslo est saturée et les trams et bus mis en place pour la soulager aussi. La municipalité est confiante, envisageant d’augmenter la capacité de 250 000 à 375 000 passagers d’ici 2030.
Une voie que serait bien avisée de suivre la France. Si nous avons déjà envisagé les péages urbains et les ZFE, Paris, qui souhaite supprimer les diesel d’ici 2024 et l’essence six ans plus tard, devrait s’inquiéter de vérifier que ses transports en commun soient prêts à faire la bascule.