
Welcome a l'apéro branché du moment
Les fadas de robots ont un rendez-vous emblématique : l’Apérobo. Ils s’y rencontrent pour discuter boulons autour de quelques pintes de bière, mais pas que ! Accompagnés de leur robots, ils bidouillent, se fightent et s’entraident, Détours est allé trinquer à la gloire de la robotique.
Paris, 1er arrondissement – Margot Filleton, 25 ans, joue les hôtesses d’accueil ce soir, au premier sous-sol du Dernier Bar avant la Fin duDernier Bar avant la Fin du Monde, institution geek de la capitale. Le jeune femme claque des bises et présente les uns et les autres. “Ces deux-là ont construit un BB8 !”, le R2D2 nouvelle génération de la dernière trilogie Star Wars. Mickaël, cheveux blonds, chemise en jean et c“Ces deux-là ont construit un BB8 !”, le R2D2 nouvelle génération de la dernière trilogie Star Wars. Mickaël, cheveux blonds, chemise en jean et chaîne en or au cou, dégaine son portable pour montrer quelques clichés de la bête. Le robot ressemble trait pour trait à celui du film. “On a modélisé toutes les pièces sur ordinateur, avant de les réaliser avec notre imprimante 3D”, ajoute Alexis, son compagnon de bidouillage. Leur robot ne roule pas encore : “On a modélisé toutes les pièces sur ordinateur, avant de les réaliser avec notre imprimante 3D”, ajoute Alexis, son compagnon de bidouillage. Leur robot ne roule pas encore :
“La spécificité de ce robot, c’est que la tête reste statique pendant que le corps roule. C’est un vrai défi ! Pour le moment, tous nos fils s’emmêlent avec la rotation…”
Les deux bricolos sont des habitués des Apérobos, le rendez-vous mensuel des férus de robot. C’est le 58eme apéro qu’organise l’association Caliban. Pour cette rencontre estivale, ils sontCaliban. Pour cette rencontre estivale, ils sont une petite trentaine à avoir répondu présents. Et mois d’août oblige, les participants du jour sont pour la plupart venus… en touriste ! Seulement trois robots trônent sur l’une des tables grises du bar. D’habitude, il y en a dans tous les sens selon Margot Filleton, vice-présidente de l’asso :
“Les gens qui le veulent ramènent leur robot pour faire des démonstrations ou venir chercher de l’aide. On n’a pas vraiment de matériel pour travailler sur place. Mais l’idée, c’est que les compétences se croisent et qu’on puisse s’entraider dans nos projets.”
La folie des Apérobos !
Lancés à Paris en 2010, les Apérobos ont depuis conquis toute la France : Toulouse, Lyon, la Roche-sur-Yon, Clermont-Ferrand, Limoges, Bordeaux, Perpignan. Et même au-delà des frontières, à Namur en Belgique. Lille devrait bientôt s’ajouter à la liste.
“Au départ, ils n’étaient que trois. A la fin d’une conférence, les futurs fondateurs de Caliban sont allés prendre un verre et ont parlé de robots toute la soirée, avec du pain et du pâté ! C’était tellement bien qu’ils se sont dits qu’il fallait recommencer”, raconte Margot Filleton en souriant.
Ce soir, on trouve peu de professionnels du secteur. Détours a d’ailleurs croisé le constructeur de Poissons Robots, que nous vous avions déjà présenté. Il y a beaucoup d’étudiants, mais aussi des informaticiens, des employés de Mairie, ou des acteurs de la cybersécurité. Surtout des profils scientifiques ou informatiques. “Mais c’est ouvert à tous !”, clarifie le président Thierry Biaujout. “Mais c’est ouvert à tous !”, clarifie le président Thierry Biaujout.
“On peut discuter de notre passion sans être pris pour des hurluberlus”
“Eh, tu es en train de programmer ton robot ?” Le cinquantenaire à la cravate à rayures roses, surpris qu’on l’interpelle, lève la tête de son ordi portable. Devant lui, sur la table, à quelques centimètres d’un pichet de bière, se dresse un robot humanoïde blanc et costaud. Avant qu’il n’ait le temps d’ouvrir la bouche, Thierry Biaujout le dénonce :
“Mais non, il joue à Pokémon…“
Bruno Matika accepte de faire une petite démo. En un clic sur son smartphone, il lance sa machine dans une séance de muscu.
L’homme bidouille son robot sur son temps libre, comme la plupart des adhérents de Caliban. Un loisir comme un autre pour Thierry Biaujout :
“Certains font du foot, d’autres du piano, nous on construit des robots. C’est l’équivalent de n’importe quelle activité sportive ou culturelle.”
L’intéressé planche en ce moment sur un robot de téléprésence. La machine pourrait se déplacer dans la maison grâce à des capteurs, à la manière des robots-aspirateurs, et détecter si quelque chose ne va pas. En cas de couac, l’engin enverrait une notification directement sur le smartphone de son propriétaire. Hypothétiquement. C’est encore en work In progress. Et Thierry Biaujout a un sourire jusqu’aux oreilles lorsqu’il en parle :
“La robotique, c’est quelque chose que j’ai dans le coeur depuis longtemps.”
Il a passé une maîtrise de robotique en 95, avant de bifurquer et de devenir chef de projet en automatisme et électronique. Les Apérobos sont un moyen de renouer avec ses premières amours :
“C’est de l’afterwork, on vient se détendre et parler de notre passion, qui reste marginale. Lorsqu’on parle de robotique autour de nous, personne ne comprend. Ici, on peut en discuter sans être pris pour des hurluberlus.”
“Bienvenue ! Tu aimes les robots ?”
“Salut ! tu aimes les robots ?”, balance Irfaan Domun, un jeune homme fin avec les cheveux noirs en pétard, à deux nouveaux des Apérobos. Miléna et Morgan sont étudiants dans les métiers de l’internet. “On ne sait pas trop ce qu’on “On ne sait pas trop ce qu’on fait là”, rigolent les deux amis qui n’y connaissent pas grand chose en robotique. Ils ont repéré l’afterwork sur le site Meetup, qui recense bon nombre de soirées. “Apéro et robot ça sonnait bien ensemble. Et les robots c’est cool !” Meetup, qui recense bon nombre de soirées. “Apéro et robot ça sonnait bien ensemble. Et les robots c’est cool !” “Apéro et robot ça sonnait bien ensemble. Et les robots c’est cool !”
Les comparses organisent des conférences dans leur école. Ils se sont dit qu’il y avait sûrement des contacts à prendre. Bière en main, ils papotent avec tout le monde et ont l’air de passer un bon moment :
“Tout le monde est très sociable, les gens sont venus naturellement vers nous. On ne s’est pas sentis hors de la communauté. C’est vraiment bonne ambiance. Et on apprend pas mal de choses.”
Car les robots n’ont toujours pas la cote en France. Si l’on en croit Stéphane Hugon, sociologue du cabinet Eranos, spécialiste des tendances avec qui nous avions discuté, ils pâtissent d’une défiance presque religieuse. Dans notre culture monothéiste, il n y a qu’un seul Dieu et celui qui veut créer des robots est perçu comme un démiurge voulant ériger un golem. Forcément maléfique ou prêt à se retourner contre son créateur… La fameuse crainte d’une conspiration des robots contre les humains. Cette vision négative évolue doucement, à mesure que le smartphone rend l’objet intelligent sympathique et indispensable… Les amateurs de robots sont chaque jour plus nombreux. Et se démènent pour donner une image plus cool de leur passion et de leurs créations.
La robotique pour tous
Un peu plus loin, dans un coin de la salle, Irfaan Domun soutient que des robots, tout le monde peut en faire. Le bonhomme rigolard fait partie d’une autre association, Esieespace :
“On organise tous les ans une compétition de sumobot. Tout le monde peut en construire un, ce n’est pas très compliqué. Et après, il y a des sortes de combats de robots !”
Ces sumobots, qui ont l’aspect de cubes sur roues, sont construits à partir de kits achetés dans le commerce. “La robotique s’est beaucoup démocratisée depuis quelques années. Aujourd’hui, pour moins de 100 euros, on peut essayer de monter son propre robot”, complète Thierry Biaujout. Il existe différents kits. Certains vous permettent de monter votre robot comme un grand, à grand renfort de tournevis et de soudure. D’autres vous livre la machine toute prête avec un petit logiciel pour le programmer et lui faire faire n’importe quoi ! Les plus téméraires des bidouilleurs font tout tout seul, à l’image de Mickaël et Alexis, qui ont tout construit et monté dans leur BB8, à l’aide de leurs propres imprimantes 3D. “Ça ne coûte plus si cher aujourd’hui, autour de 300 euros l’imprimante”, éclaire l’un d’eux. A Margot Filleton d’embrayer : “Aujourd’hui, tout le monde peut construire un robot selon ses moyens, son expérience et son temps”. “Ça ne coûte plus si cher aujourd’hui, autour de 300 euros l’imprimante”, éclaire l’un d’eux. A Margot Filleton d’embrayer : “Aujourd’hui, tout le monde peut construire un robot selon ses moyens, son expérience et son temps”. “Aujourd’hui, tout le monde peut construire un robot selon ses moyens, son expérience et son temps”.
Les membres de Caliban voudraient ouvrir la robotique au plus grand nombre. Ils participent régulièrement à des salons, comme la Japan Expo ou des Maker Faire, pour faire connaître leur asso. “J’emmène régulièrement l’araignée aussi”, ajoute le Président, en pointant du doigt la machinMaker Faire, pour faire connaître leur asso. “J’emmène régulièrement l’araignée aussi”, ajoute le Président, en pointant du doigt la machine sur la table. “Bon il n’a que 6 pattes. C’est peut être plus u“J’emmène régulièrement l’araignée aussi”, ajoute le Président, en pointant du doigt la machine sur la table. “Bon il n’a que 6 pattes. C’est peut être plus une fourmi …”“Bon il n’a que 6 pattes. C’est peut être plus une fourmi …”
A côté de l’insecte motorisé, le robot blanc à forme humaine entame une chorégraphie sur le Waka Waka de Shakira. Impassible un autre robot ne bouge pas, comme insensible au déhanché de son collègue sportif. “Et le troisième robot, le crabe là, on peut l’essayer aussi ?”… “Non,” hélas. Il souffre d’un mal radical …”il n’a plus de piles…” “il n’a plus de piles…”