
Aider des gens à retrouver la vue grâce à un implant neuronal, voilà le projet d’une entreprise américaine en pointe sur la question. Vu ?
Rétine artificielle. Pour certaines personnes atteintes de rétinite pigmentaire (une défaillance visuelle grave qui conduit à la cécité), la société Second Sight n’est pas une société inconnue. Depuis 2011, cette entreprise commercialise Argus II, une rétine artificielle qui repose sur un implant, des lunettes équipées d’une caméra et d’un petit boitier externe qui traite les images reçues et les rend interprétables par l’œil. Après une période de rééducation, les patients équipés peuvent ainsi distinguer des formes, des silhouettes et être plus autonomes, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Une poignée de Français chanceux bénéficient déjà de ce système très coûteux (environ 100 000 euros) qui est pris en charge par la sécurité sociale.
Voir plus loin. Cette invention constitue une amélioration énorme dans la vie des malades. Toutefois, le dispositif est loin d’être parfait. Second Sight travaille donc à la génération suivante d’œil bionique. Baptisé Orion, il reprend les bases d’Argus II (un boitier, des lunettes), mais en l’implant n’est plus effectué au niveau de la rétine mais directement dans le cortex visuel des patients, soit à l’endroit même où le cerveau interprète l’information visuelle. Pour poser les choses autrement, avec Orion, l’œil et le nerf optique sont complètement déchargés de toute fonction au profit de la technologie qui assure tout le travail et communique directement avec le cerveau.
Et c’est un pas énorme. Car si Argus II visait seulement les personnes atteintes de rétinite pigmentaire en jouant sur le fait que la maladie détruisait certains photorécepteurs tout en laissant la rétine intacte en soi, Orion pourrait être la solution pour ceux qui deviennent aveugles pour bien d’autres raisons tels que des cancers, des glaucomes, le diabète, et tout ce que l’on peut imaginer.
Et demain, voir comme Terminator ? L’appareil de Second Sight est actuellement en phase de tests cliniques aux États-Unis et il faudra sans doute attendre un peu avant une commercialisation, car la principale difficulté est d’inventer l’algorithme qui va nous assister et permettre à la machine de communiquer efficacement avec le cerveau. Toutefois, le procédé est en route. Des tests de cet œil bionique nouvelle génération sur un patient aveugle lui ont permis de revoir des points de lumière pour la première fois depuis huit ans. On nous avait promis des cyborgs dans le futur ; on dirait bien qu’on y est.